Deux fêtes dans une même maison, c’est la façon par laquelle le 4e anniversaire du soulèvement populaire de Kabylie a été célébré hier à Amizour, une ville reconnue comme épicentre bougiote du déclenchement des événements du Printemps noir.L’essentiel a été tout de même réalisé en évitant à peine l’affrontement entre les deux factions du même mouvement citoyen, devenus presque hostiles entre élus.A la veille du jour “J” les délégués locaux d’Amizour des deux ailes ont organisé des meetings de sensibilisation au niveau des quartiers chauds de la ville (Boukhalfa et la cité) qui ont d’ailleurs gagné le pari en évitant à cette ville martyre un débordement de plus.Il faut dire que chacun a trouvé son compte, car l’espace était libre à tout un chacun le fêter à sa manière cette date historique.Il était 10h, une masse dense est entassée en face du centre culturel Malek Bouguermouh, lieu réservé à l’aile dialoguiste pour tenir son meeting. A quelques mètres à peine de là, l’on a constaté un dispositif impressionnant de CRS, tenu discret sous l’enceinte du commissariat de police. Le silence qui y régnait jusque-là était coupé par des cris d’une autre foule de manifestants venue du côté de la cité a stimulé en quelque sorte les organisateurs du meeting, les dialoguistes. Khoudir Benouaret a ouvert le bal en invitant la foule qui lui a été acquise à rester dans le calme. Les marcheurs de la cité encadré, par les délégués antidialoguistes ont pris la direction du lycée mixte, lieu de départ de la procession.Le calme était revenu et le meeting s’est poursuivi dans le calme par l’intervention de plusieurs figures de proue du mouvement, dont Rachid Allouache, Farès Oudjedi et Khaled Ghermah.Une minute de silence est observée au niveau du pont où a eu lieu l’arrestation des trois collégiens avec leurs professeurs le 22 avril 2001 et l’on entendait une voix d’un délégué dialoguiste appelant à préserver la fraternité. Quelques mètres seulement séparent les deux foules et l’agitation et à fleur de peau. Des policiers en civil encadrent la marche d’autres sont positionnés aux alentours de la placette du meeting. L’atmosphère était explosive au moment où les deux foules se sont presque collés l’une à l’autre. Les “interventions” des animateurs du meeting ont entrecoupé par les cris assourdissants des malheurs dont certains, les moins jeunes ont voulu en découdre où moment surtout où Khaled Guermah a pris la parole.Les organisateurs des deux camps ont tout fait pour dissuader toute tentative d’affrontement. Difficilement, les protagonistes de la marche ont enfin continué à battre le pavé vers le centre-ville en passant par quelques autres quartiers Il faut signaler que la marche n’est pas passée sans faire en quelque sorte un effet boule de neige où beaucoup de jeunes ont préféré rejoindre cette manifestation pédestre. Après des prises de parole de plusieurs délégués de l’Interwilayas, le meeting s’est achevé dans le calme, tandis que les marcheurs continuaient à sillonner les artères de la ville. Bariche Farid était l’un des collégiens arrêtés le 28 avril nous a révélé qu’il a préféré la marche, car, pour lui : “Cette date ne peut être célébrée sans observer une minute de silence sur le pont, lieu où eut notre arrestation arbitraire par des gendarmes armés”.Des prises de paroles ont aussi achevé cette marche où les Ali Gherbi, Zahir Benkhellat et Makhlouf Demouchi de Bouira ont tiré à boulets rouges sur les dialoguistes. A la fin de ces deux actions de célébration de cette date du 22 avril, la ville d’Amizour a renoué avec les affrontements. Des adolescents se sont accrochés avec les forces de l’ordre qui n’ont pas tardé à intervenir en pourchassant les manifestants.Des heurts néanmoins, moins violents, ont eu en plein centre-ville au moment où nous mettons sous presse. Les commerçants ont baissé rideaux, et l’animation s’affaiblit se fait de plus en plus rare.
Nadir Touati