Quand la mémoire tire de l’oubli tous ces noms qui ont appartenu au passé, c’est que l’histoire s’écrit d’elle-même, et quand on voit tous les livres qui remplissent les bibliothèques portant des noms étrangers à notre culture, l’envie de voir le patrimoine ancestral prendre son élan doit nous tenter.
L’évidence que tout être humain est porteur de civilisation et de savoir n’est plus à contester. Bien que l’on soit considéré comme des sociétés en voie de développement, cela n’empêche nullement l’existence d’une essence porteuse de grandes valeurs essentielles de nos jours pour aller de l’avant. En effet, l’oralité qui joue le rôle primordial dans la culture algérienne est un des moyens dont il est bon de faire usage et de développer dans le bon sens. C’est vrai, nos prédécesseurs avaient été dépourvus du pouvoir d’écrire (et les causes sont bien connues) mais le savoir qu’ils recelaient reste un énorme potentiel qui se trouve malheureusement menacé par la disparition et l’oubli. Mammeri a prévenu, ceux qui veulent l’entendre, que c’est le patrimoine qui se perd avec la disparition de son usage. Pour peu qu’on mette un peu de lumière sur un homme qui est un grand et illustre écrivain pour tout le village N’ath Ouamar.
Connu de tout le arch N’ath Melikeuche jusqu’à Tazmalt et même plus loin encore. Ses innombrables dictions devenues des citations pour certaines et qui se trouvent répétées de bouche à oreille. Forgé par la vie, comme toute la génération d’avant-guerre, il a connu de toutes les souffrances et, à ce jour, il reste une fontaine du verbe. Chaque instant, il a connu de toutes les opportunités d’apprendre l’art de vivre, les hauts et les bas qu’il nous raconte avec un verbe où la touche de l’artiste est nettement visible dans ces récits qui enseignent et/aussi divertissent. Avec courage, il exprime ses opinions qui sont toujours des visions sages et expérimentées, un aheddad ggwawal digne des anciens temps.
Pour joindre le geste à la parole, je tire la sonnette d’alarme, bien qu’elle fût déjà tirée maintes fois pour rafraîchir la mémoire et rendre hommage à tout ceux qui sont morts dans l’oubli et tout ceux qui le risquent par simple mégarde, car c’est grâce à à eux qu’on est là et c’est leurs paroles qui bercent et excitent l’esprit et qui nous ont appris à réfléchir. On a pris l’habitude de les voir chaque jour à nos côtés et l’on oublie souvent de leurs dire merci, merci pour le souffle qu’ils donnent dans la parole simple de tous les jours et qui fait pourtant beaucoup avancer dans la mer du lendemain.
La sagesse est aussi dans l’expérience de la vie comme elle est dans l’art et la pensée. Da Aïssa Ath Amer a dit que le plus sage aujourd’hui c’est le stylo et que c’est lui aussi le amghar azemni. Un grand merci et une longue vie à yamghar.
Lazazen Bouzid
