“Beaucoup reste à faire en matière de droits de l’Homme en Algérie”

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L’évaluation de l’état des lieux des droits de l’Homme en Algérie, l’application de la charte pour la réconciliation nationale et surtout la dernière entrevue qu’a eu Farouk Ksentini avec l’ex-chef de l’instance l’exécutive du Fis dissous à l’étranger, Rabah Kebir, était au menu du forum de la radio chaîne III auquel a été invité le président de la commission consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme (CCPPDH).

Bien que les droits de l’Homme aient positivement évolué et qu’un progrès palpable soit enregistré dans notre pays, considéré comme «Etat émergeant » par M.Ksentini, il y a encore fort à faire dans ce domaine, et en ce sens, l’invité de la Chaîne III a estimé que cette avancée n’a pas été suffisamment rapide, notamment en matière de droits sociaux mais il soulignera que cette démarche a toutefois le mérite d’exister.

Il enchaînera qu’il faut profiter de cette volonté politique affichée par les pouvoirs publics pour inculquer la culture des droits de l’Homme qui, faut-il le souligner, est difficile à répandre d’autant plus qu’on part avec un déficit considérable de 132 ans de colonisation et 30 années de parti unique.

M.Ksentini insistera beaucoup sur les droits sociaux liés notamment à l’emploi et au logement qui ont progressé très modestement en raison notamment de la situation économique du pays et appellera les pouvoirs publics à faire bénéficier la jeunesse algérienne de l’embellie financière et porter la médication adéquate pour éviter une éventuelle explosion sociale.

Ce point et la situation moyenne des droits de l’Homme en Algérie, dira l’invité de la radio, ont toujours été dénoncés et le seront également dans le rapport annuel de la CCPPDH qui sera remis au président de la république.

“J’ignore les raisons du retard de l’application du bilan de la charte”

Sur un autre chapitre se rapportant à la charte pour la réconciliation nationale, le président de la CCPPDH expliquera que cette mesure constituait à son avis l’unique solution susceptible de mettre fin à la crise nationale et que c’est un droit de tout Algérien d’aspirer au retour de la paix civile mais c’est de son devoir aussi de travailler pour faire en sorte que cette paix soit possible.

Quant au retard accusé dans la publication du rapport de la charte, M.Ksentini soutiendra qu’il ignore les raisons d’une telle remise à laquelle il ne peut apporter aucun jugement mais attestera qu’un tel rapport constituera, à coup sûr, un indicateur important des réalisations de la charte et répondra à une demande légitime de l’opinion publique.

Toujours sur sa lancée, Farouk Ksentini qui relèvera des carences dans l’application de la charte, liées notamment aux tracas bureaucratiques signalés dans la mise en œuvre du processus d’indemnisation des victimes de la tragédie nationale ainsi que les lenteurs et réticences enregistrées dans la réintégration des travailleurs poussés à quitter leurs postes de travail, rappellera que des mesures additives au texte de la charte, pourraient être prises par le premier magistrat du pays, pour pallier ces insuffisances et autres. Il citera le cas des déportés et détenus administratifs dans le Sud du pays et dont le nombre variait, selon le porte- parole de cette catégorie de victimes de la tragédie terroriste, entre 15 et 18.000 personnes. Tout en regrettant cette omission involontaire, M.Ksentini annoncera dans ce sillage que leurs doléances sont transmises à qui de droit, et qu’actuellement, la CCPPDH se trouve dans l’attente d’une réponse en faveur de ces victimes.

“Rabah Kebir est une personnalité nationale”

Invité à se prononcer sur la teneur de sa rencontre avec Rabah Kebir, M.Ksentini était tout simplement tombé sous le charme du revenant d’Allemagne et ne tarissait pas d’éloges sur « cette personnalité nationale », « extrêmement nationaliste » et « fervent militant de la réconciliation nationale », « une personnalité très modérée et conciliatrice », qui a même eu la délicatesse de ne pas « aborder l’éventuelle reconstruction de l’ex-FIS » avec le défenseur des droits de l’Homme qu’est Farouk Ksentini, qui estime qu’il est formellement exclu pour lui de parler du retour de l’ex-Fis, une entreprise que les lois de la République interdisent. Souhaitant éluder tout amalgame, M.Ksentini a tenu à préciser que le texte de la charte a été catégorique en interdisant tout exercice d’une activité politique par les ex-membres du FIS mais soulignera que les déclarations publiques à titre individuel ne pourraient être réduites au silence. Il assimilera cela à l’atteinte au droit à l’expression pour tout citoyen, quelle que soit sa couleur politique. Un peu plus loin, il développera sa philosophie en affirmant qu’il faudrait apprendre à cesser de nous diaboliser les uns les autres et à tenter de cerner les islamistes pour les inciter à renoncer à la violence et les convaincre d’embrasser les idéaux républicains. Il invitera à cette occasion les partis de l’opposition à reprendre de plus belle leurs activités politiques et d’enrichir le concept de multipartisme en Algérie à l’approche des élections législatives.

H.Hayet

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