(2e partie)
La pauvre Silia handicapée par sa main droite coupée, erre à travers les chemins. Les jeunes qui la rencontrent sont éblouis par sa beauté, veulent l’épouser mais dès qu’ils découvrent sa main mutilée ils l’abandonnent à son triste sort.Un jour, Silia rencontre un homme marié, subjugué par sa beauté, il accepte de l’épouser malgré son lourd handicap et le fait qu’elle naît pas de parents.Devenue (thakh’na) la deuxième épouse de l’homme charitable, Silia est jalousée par la première femme qui lui fait des misères. Les deux femmes sont tous les jours à couteaux tirés. Pour se débarrasser de la co-épouse, la première femme prend son mari en aparté et lui dit :- Ats rouh netsathNegh ad’ rouh’aggh nekiniEkhthar ay argaz lâli(Elle part ou je pars, choisi !)L’homme reste indécis. Sa première épouse renchérit :- Pour nous départager tu n »as qu’à nous confier un lot de laine à laver. Celle qui aura terminé la première restera avec toi, celle qui perdra partira.Excédé par leurs incessantes querelles le mari accepta. La première épouse qui avait proposé le lavage de la laine, l’avait fait à dessein. Elle savait pertinemment qu’elle allait sortir vainqueur de l’épreuve, car elle avait les deux mains valides contrairement à Silia qui était handicapée. En acceptant dans la précipitation, la proposition de la femme perfide, le mari avait oublié l’handicap de Silia. Quand il se rend compte de sa bévue, il était trop tard.Sur le champ, il appelle ses deux femmes et confie à chacune d’elles un sac de laine à laver et leur dit :- Thine ay kfoun tsamzouarouthAts quim id’i, thangarouth ats vaâd’ felli(La première qui finira de laver sa laine restera avec moi, la dernière s’en ira !)Silia sa savait perdante d’avance, en allant à la rivière, son ballot posé sur la tête elle éclate en sanglots. Elle ne pourra jamais terminer avant sa rivale avec sa main droite handicapée.En cours de route thag’arfa ( un corbeau) dont les œufs sont sur le point d’éclore, lui demande quelques flocons de laine pour les mettre dans son nid afin de tenir au chaud pour les futurs oisillons.Elle lui donne la quantité désirée, il la remercie. Le corbeau n’était autre que le propriétaire du nid où avait atterri la main coupée de la jeune fille.Ayant remarqué sa main handicapée, il va la lui ramener et la remettre à sa place. En retrouvant l’usage de sa main, Silia saute de joie et court à la rivière pour laver sa laine. En un tournemain, sa tâche est terminée, elle retourne à la maison à l’insu de la co-épouse où l’attend le mari, aux aguets. La vue de Silia dotée de sa main manquante le remplit de joie.Quand arrive la première épouse, les jeux sont faits. C’est elle qui est répudiée. Elle ne comprend pas ce qui est arrivé, mais elle est obligée de se soumettre à la proposition qu’elle avait suggérée.
Benrejdal Lounes (A suivre)