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Virée avec des Bagnoletais

Une pluie fine tombe sur la haute montagne en ce samedi 4 novembre. Le bus transportant les 21 membres de la délégation française, entame l’ascension du col, précédé par l’autre bus des accompagnateurs : des élus municipaux et quelques représentants de la société civile. Le trajet se fait à travers une route sinueuse, en détours et multiples lacets. Le spectacle aurait pu être superbe car, des hauteurs on a une vue plongeante sur la vallée. Cependant, la brume enveloppe le lieu, rendant opaque la vision. La pluie devient plus dense. Il pleut sur la région, il pleut sur Chellata et c’est tout juste si on aperçoit les plaques signalant les limites des villages. Ils sont plusieurs à composer cette commune. Le bus file vers sa destination : le village Aït Sidi Amar. Un hameau célèbre par un passé historique. Célèbre par ses attachements aux racines, aux coutumes. Célèbre par son saint tutélaire, vénéré dans toute la vallée. Les visiteurs sont aux abords du village Fethoune. Aït Sidi Amar est accessible par cette route mais les bus poursuivent leur montée. Première halte au village Chellata. C’est alors la découverte de l’ex-mosquée, en usage jusqu’en 1978, date à laquelle la nouvelle mosquée est entrée en service. Depuis, les villageois de Chellata veillent sur l’endroit considéré patrimoine historique et culturel. Il pleut à torrents au moment où les explorateurs du moment mettent pied à terre. Des tombes dans la cour puis l’on s’engouffre dans les salles. Aussi vieilles que le monde, gardées telles quelles. C’était un lieu culturel, une école coranique, “Timâamart n‘Chellata” ou encore “Timaâmart n’Ben Ali Chérif” le célèbre caid telle que dénommée et connue dans la vallée.

Ces explications sont données aux visiteurs par un homme du village qui décrira et énumérera les composants des matériaux de construction, vantant leur solidité et leur bonne qualité. Il raccompagnera jusqu’au bus, les Bagnoletais sans oublier de les gratifier d’un large sourire (contrastant avec la météo du moment) et de succulentes figues de la localité. Les bus reprennent la route mais le 1er ne tardera pas à s’enliser dans un bourbier. Il rebroussera chemin revenant vers sa destination première. “Nous sommes désolés, nous voulions vous faire visiter l’ancienne caserne mais le climat s’y oppose”, dit le guide, fonctionnaire à l’APC d’Akbou. La délégation arrive à Aït Sidi Amar, plus tard que prévu. Elle se rend directement à l’école du village où les jeunes de l’association socioculturelle et sportive “Soummam Solidarité” l’acueillent devant le portail. Des membres du comité des sages sont aussi présents. Les deux salles du bas abritent une importante exposition de tenues berbère, de gâteaux et de plusieurs plats propres à cette localité. Délicieux ! Cela se remarque vite autant chez les Bagnoletais que chez leurs accompagnateurs, tous se délectent avec ravissement. Les tables sont pleines de cette nourriture kabyle dont le temps ne parvient pas à diminuer le mérite. Les deux sœurs Akila et Ouacila Benbélaïd, leurs camarades Ouhiba, Zahia, Yasmina, Khadidja, Nassima et Karima (toutes des Takhedouit), papillonnent, radieuses et timides, dans les salles, agréables dans leur simplicité, leur bonté et leur excellente éducation. Les deux salles du haut recèlent de vrais butins : les archives et écrits sur les 29 martyrs du village, les ustensiles et outils ménagers et des champs utilisés au fil du temps par les Kabyles. Tout le monde se retrouve, pour la dernière fois de la journée, autour d’une grande table pour déguster un couscous, aussi fameux que tout le reste.

Mme Jocelyne Riou, 1re adjointe au maire de Bagnolet, responsable de cette délégation dira à l’assistance : “Votre accueil nous va droit au cœur; Nous avons l’immense plaisir de nous retrouver ici, à Akbou, avec des villages tout autour, de pouvoir connaître leurs traditions, de partager des moments de convivialité. Je vous transmets les amitiés du maire de Bagnolet et nous serons encore plus heureux de vous accueillir, d’accueillir vos jeunes à Bagnolet”. Mme Jocelyne, très émue, parla gentiment, longuement. “Vous nous ramenez de l’Algérie du soleil. Nous vous ramenons de France de la pluie”, dit-elle avec humour. Les jeunes de l’association Soummam-Solidarité, très actifs et dynamiques montrent le vrai sens de l’hospitalité kabyle. “Et du nif”, ajoute un encadreur-guide. Il enchaînera : “Les Aït Sidi Amar nous ont honorés. Ils ont honoré le tout Akbou au regard de ces visiteurs d’ailleurs”. Idriss Takhedmit, président de l’association, les frères Iamoudène et les autres membres remettent des présents aux Bagnoletais avec un tableau d’honneur en leur disant pour clôturer la visite : “Nous considérons cette visite, qui nous a agréablement surpris, comme une passerelle de plus, lancée entre nos deux peuples liés par une histoire commune, fièrement rattachés aux deux rives de la Méditerranée et condamnés à vivre ensemble, à s’entraider et à s’aimer”. Enfin, c’est l’adieu avec en mémoire collective, pleins de souvenirs chaleureux.

Taos Yettou

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