Larbaâ Nath Irathen, chef-lieu de daïra, est située à 25 km à l’est de Tizi Ouzou. Sa superficie est de 40 km2 environ. Sa population, surtout rurale, était de 29 500 âmes au dernier recensement. “Cette ville sous son apparence “bon chic, bon genre”, reste une plaie”, nous dit avec un air pincé un dignitaire de la cité. Même si tout le monde aime et connaît la ville de “Sidi Hend Awanu”, personne ne s’inquiète de son sort : sa population, faute de mieux, se contente de peu ou de rien.
Sa jeunesse lutte chaque jour contre la promiscuité, le chômage, la drogue et tous les maux de société, lesquels prennent de plus en plus d’ampleur. “A Fort-National, à chaque jour suffit sa misère” nous diront plus d’un. La démission des parents et de la société en général ont laissé le terrain libre à la prolifération des fléaux. Les jeunes ne jonglent pas avec les mots : depuis plus de trois années maintenant, ils sont devenus des habitués des artères de la ville. Ils se postent chaque jour aux heures propices devant les lycées, à la sortie de la ville. Vingt-six ans, universitaires au chômage, chemise ouverte, chaîne en or et cheveux gominés, Hakim passe ainsi son temps à draguer les belles “papiches”, comme on les appelle, du lycée. “Même en période de vacances scolaires, je suis toujours à la même place”, affirme-t-il. L’habitude est devenue une seconde nature pour Hakim. “Que voulez-vous, il n’y a pas de travail. J’ai frappé à toutes les portes sans résultats”, ajoutera-t-il, dépité. D’autres jeunes abondent dans le même sens mais gardent tout de même l’espoir qu’un jour ils partiront loin, très loin, en jurant que quand ce jour arrivera ils ne regarderont pas en arrière : ils fonceront tout droit vers leur destinée qui est pour eux l’“Europe”. “J’attends avec impatience la visite de Sarkozy dans notre pays car il paraît que la demande de visa sera allégée”, nous a dit un mioche parmi la foule de jeunes. En effet, seul ce “sésame” compte aux yeux de cette jeunesse qui ne sait conjuguer qu’un seul verbe : “fuir”.
La daïra de Larbaâ Nath Irathen, à l’instar de celle de toute la wilaya, se distingue par un retard d’une vingtaine d’années en matière d’infrastructures socio-économiques. Le taux de chômage avoisine les 60%. De prédominance rurale, la population active, dans une grande proportion, dans le commerce, les transports de voyageurs et le… trabendo.
Le BTP, encouragé dans les années 80 est aujourd’hui en déclin, suite à la régression de la dynamique de construction. Des opérations inscrites antérieurement restent bloquées à ce jour — un imbroglio dont il ne sera pas aisé de sortir — un taux de chômage alarmant, des jeunes sans horizon, réalisation à l’arrêt : un marasme qui touche tous les domaines.
En somme, un tableau qui n’incite guère à l’optimisme.
S. K. S
