»Le système colonial est injuste »

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« Le système colonial est injuste. Des femmes et des hommes des deux côtés de la Méditerranée ont eu des souffrances », c’est la première déclaration de Sarkozy à son arrivée, au début de l’après-midi d’hier à Alger, pour une visite de deux jours. « Il ne faut pas ajouter des souffrances à d’autres souffrances » a ajouté l’hôte de Yazid Zerhouni, après s’être recueilli à la mémoire des Chouhadas de la guerre de libération nationale au Sanctuaire des martyrs, un lieu hautement symbolique de la libération du joug du colonialisme. Par cette déclaration, le ministre de l’Intérieur français veut baliser l’objectif de sa visite à Alger, la deuxième de ce genre pour Sarkozy, qui affiche un souci majeur pour le réchauffement des relations entre les deux pays, qui ont reçu un sérieux coup d’arrêt depuis 2003.

Une manière de répondre aux déclarations du chef de l’Exécutif algérien, qui a rebondi récemment sur la question du passé colonial de la France en Algérie et le devoir de cette dernière de demander pardon au peuple algérien, Sarkozy a commenté son passage au Maqam Chahid en déclarant « C’est une façon d’exprimer mon amitié aux Algériens que de me recueillir devant un monument qui relate beaucoup de souffrances ». D’emblée, le ministre de l’Intérieur de l’hexagone entame sa visite en tentant de minimiser la portée des déclarations de Belkhadem, qui, pour rappel et à la veille de cette visite, a repris les propos tenus par Chirac en Turquie, où il a exhorté les autorités d’Ankara a reconnaître « les crimes contre les arméniens » en leur indiquant que cette reconnaissance va les grandir. « La France se veut tournée vers un avenir commun »a déclaré Sarkozy à Alger, et d’ajouter », l’objectif de cette visite, c’est “de venir dire tout l’intérêt que j’attache à l’amitié entre les deux peuples », a-t-il déclaré. Et aussi, à « trouver des solutions aux problèmes, parce que des problèmes il en existe », avant d’annoncer « nous avons beaucoup de travail, il y a beaucoup de dossiers ».

A son arrivée, Nicolas Sarkozy a été reçu à l’aéroport Houari Boumediene par Yazid Zerhouni, avec qui, il s’est entretenu à plusieurs reprises, avant de décider de sa visite en Algérie. Le ministre de l’Intérieur français a en outre, estimé que les relations entre l’Algérie et la France étaient « extrêmement importantes ». « L’Algérie est notre grand voisin et nous avons une histoire partagée », a-t-il déclaré à la presse, rappelant qu' »il y a beaucoup d’Algériens en France et beaucoup de Français en Algérie ».

« C’est un voyage que j’ai préparé avec beaucoup de soins et j’y attache beaucoup d’importance », a-t-il encore souligné, pour marquer l’intérêt qu’il porte pour cette visite que la presse de l’hexagone n’arrive pas à qualifier, en se bornant sur l’épineux problème du visa, ou la course aux présidentielles en France. Et pour apaiser les tensions suscitées en Algérie par l’article quatre de la loi du 24 février abrogé par Chirac, et ressuscitées par Belhkadem, Sarkozy a déclaré « L’Algérie est un grand pays. La France est un grand pays. Nous devons parler dans un climat de confiance et d’amitié en pays libres, en pays indépendants, en pays qui se respectent », en ajoutant « je suis venu en ami ».

A la veille de la visite de Sarkozy, c’est son conseiller politique au UMP qui s’est chargé de répondre aux déclarations de Belkhadem. Gérard Longuet a estimé « qu’entre l’Algérie et la France il y’a une véritable histoire commune », en invitant Sarkozy a expliqué à Alger, que la France et l’Algérie ont des choses à faire ensemble. « Mais, il faut arrêter cette guerre qui dure depuis 44 ans, et qui n’a plus lieu d’être », a-t-il conclu.

Sarkozy qui sera reçu, ce mardi, par Belkhadem et Bouteflika ne va pas remettre sur le tapis le traité de l’amitié, qui ne semble pas aller dans le souhait de la partie algérienne, qui ne s’est pas tout à fait remise de la loi du 23 févier, il préfère donc un autre canevas pour sa visite, afin de dépassionner les relations entre les deux partenaires de la méditerranée.

Hadj Bouziane

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