Des peines de 15 et 10 ans de réclusion pour un crime banal

Partager

L’affaire remonte au 17 décembre 2002, jour où fut commis le crime. Selon l’arrêt du renvoi, le 17 décembre 2002, un agent de la police communale d’Ait-Yahia avait signalé à la police judiciaire d’Iferhounen la découverte de la voiture de marque Citroën- Saxo, appartenant au dénommé, A. Mohand-Said, à la cité du 19-Mai. A l’intérieur de la voiture, une tâche le sang avait été découverte et le capot présentait des égratignures.

S’en est suivi une battue organisée par les citoyens du village de la victime, après une alerte donnée au sujet de sa disparition depuis 24 heures. Au terme de trois jours de recherche, le corps du jeune A.M.S, a été retrouvé au lieudit Tassalt-Ait-Ali dans un état insoutenable. Selon le rapport du médecin légiste, la victime a connu une mort atroce. Il précise qu’elle a reçu des coups sur toutes les parties de son corps avant d’être étranglée à mort. Pire, son ou ses assassins l’ont dépouillé de ses vêtements et laissé à la merci des bêtes sauvages qui ont d’ailleurs mutilé certaines parties de son corps.

Lors des interrogations du tribunal, le prévenu principal, B.Djaffar a nié tous les faits qui lui sont reprochés. «Je n’ai pas accompagné la victime à sa sortie du bar et nous n’avons jamais discuté des 15 mille euros falsifiés», a-t-il répondu au juge qui l’interrogeait.

Quant au deuxième inculpé, M. Chabane, il n’a pas manqué de déclarer être «victime d’une machination orchestrée par l’officier de la police judiciaire d’Iferhounen». «Je suis une victime, monsieur le président, je suis venu me défendre», a-t-il déclaré d’entrée.

Celui-ci n’a pas, néanmoins, nié connaître la victime. Celle-ci, l’avait rencontré quelques heures avant sa disparition : «j’ai rencontré la victime avec qui j’ai pris de la bière, il m’a proposé de l’accompagner à la maison, mais au lieu de prendre la direction du village, il a pris celle menant vers un autre bar. Dans cette deuxième brasserie, on a refusé de nous servir».

A force de chercher à se disculper, le prévenu M. Chabane s’est embourbé dans des récits évasifs et sans concordance. Dès lors, le juge l’interromp : «Tu ne reflètes aucunement une personne qui veut se défendre elle-même. Tu n’a présenté aucune logique de défense. Tu t’es embourbé dans des déclarations contradictoires», assena le président du tribunal. Celui-ci, faut-il le dire, a tout fait pour décontracter l’atmosphère notamment avec les neuf témoins appelés à la barre.

Le juge très habile, n’estpas allé par mille et une questions pour soutirer des aveux. Bien servi par deux conseillères en matière criminelle, il lui a suffi de quelques questions pour que le deuxième prévenu fournisse des détails sur le crime en usant d’ «hypothèses» bizarrement identiques avec celles du rapport d’autopsie. Pour l’avocat de la partie civile, représenté par Me Chikhaoui, ancien magistrat, «les deux inculpés se sont bien informés sur la victime dans plusieurs bars, ce qui dénote qu’ils ont prémédité leur acte». Selon lui, l’inculpé principal est omniprésent dans toutes les déclarations de son complice, M.Chabane. Développant sa plaidoirie, Me Chikhaoui, a comparé le scénario du crime, le visage de l’inculpé principal ainsi que le décor qu’il présente, aux films hitchcockiens ( !).

Il demande ainsi, l’application de la peine maximale à l’encontre des deux inculpés. Une demande qui sera ensuite appuyée par l’avocat général qui, après une plaidoirie qui a duré plus de 30 minutes, a requis la peine capitale contre les deux mis en cause.

Les avocats de la défense, composée de quatre membres du barreau, ont tenté de convaincre le tribunal à prononcer un non-lieu pour manque de preuves et absence de mobiles.

Peine perdue, puisque après délibérations, le président du tribunal a prononcé une peine de 15 ans de réclusion criminelle à l’encontre de l’accusé principal, B. Djaffar et à 10 ans de prison ferme à l’encontre de son complice M.Chabane assortie d’une amende de 410 000 DA de réparations civiles. La défense compte actionner un pourvoi en cassation.

M.A.T.

Partager