Un septième malade a été admis hier au CHU de Tizi-Ouzou

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L’épidémie, qui serait la leptospirose, apparue le 30 novembre dernier dans le village de Tala-Athmane, banlieue de Tizi-Ouzou, semble être maîtrisé par les services médicaux et de prévention de la wilaya après des heures de paniques dues à la non-confirmation du type du virus qui a touché 6 personnes et a causé un décès, à en croire le Dr Madiou, chef de service de la prévention à la DSP.

Cette maladie infectieuse, causée par une bactérie, est contractée par le contact direct avec les urines ou les excréments des rats. Elle touche les reins, le foie et les vaisseaux et se manifeste par une fièvre et l’ictère. Le malade touché par cette bactérie, peut atteindre un stade compliqué qui se manifestera par des hémorragies si aucun traitement n’est prodigué durant les 2 ou 3 jours qui suivent l’apparition de la fièvre.

C’est ce qui a causé la mort d’un jeune homme âgé de 26 ans, décédé dans la nuit du 30 novembre dernier le jour où des personnes atteintes de cette maladie se sont manifestées au CHU Nedir de Tizi-Ouzou, le défunt à succombé à un état hémorragique fatal.

Mais les choses ne se sont aggravées que deux jours après, soit le 2 décembre dernier, lorsque quatre personnes ont été évacuées en urgence vers le CHU, pour des symptômes inquiétants. Ce n’est que lorsque les infectiologues du CHU Nedir donnèrent l’alerte sur une épidémie dont ils n’arrivaient pas à détecter son origine.

Alors que des échantillons de sangs étaient envoyés vers l’Institut Pasteur d’Alger pour analyse, une cellule de crise médicale a été installée illico au sein même de l’hôpital de la ville par le directeur général du CHU. Celle ci sera rejointe, en fin d’après-midi, par les services d’hygiène de la commune.

Face à la panique, l’absence de coordination

Ce n’est que vers 18 heures, que les autorités locales ont commencé à prendre conscience de l’ampleur de l’épidémie. Tous les concernés par la santé publique ont réagi en rangs désordonnés.

La direction de la santé et de la Population de la wilaya qui a dépêché au village de Tala-Athmane une équipe de prévention a vite fait de prendre des mesures à même de faire face à la panique qui commençait à saisir la population locale. A 19 heures, la chef de daïra de Tizi-Ouzou fera le déplacement sur les lieux et ordonne l’enlèvement, sur place, de toutes les ordures entreposées dans tous les coins et recoins du village.

Une décision que d’aucuns ont salué, sauf qu’elle intervient après avoir enregistré un mort et plusieurs hospitalisations dues à l’insalubrité de la cité.

La panoplie de mesures prises avant hier soir, par les autorités de l’administration locale, est censée débarrasser tout le village de ses ordures et immondices ménagères et industrielles.

Un privé spécialisé dans l’hygiène publique, a pris l’initiative de démoustiquer et dératiser le village, à titre gracieux.

La Direction de la santé et de la population a quant à elle, procédé à l’installation d’une équipe médicale au dispensaire de Tala-Athmane pour pallier la ruée, souvent inutile, des personnes malades vers le CHU. L’équipe est chargée de faire le tri médical sur place, elle est dotée de deux ambulances.

L’apparition de la leptospirose à Tala-Athmane était en somme prévisible. La localité est connue pour être devenue une grande décharge à ciel ouvert. C’est dans ce petit village dépourvu de la moindre infrastructure de traitement des déchets, que sont implantés les marchés de voitures, à bestiaux et celui du gros en fruits et légumes. Trois marchés vecteurs de toutes sortes de déchets et d’ordures en plus de l’implantation d’une zone d’activités où se mélangent les rejets des déchets organiques avec ceux que dégagent les produits chimiques et industriels.

Tala-Athmane est ainsi devenue le nid idéal pour toutes sortes de maladies infectieuses véhiculées soit par des eaux puisées de la source du village à côté de laquelle sont déversées des ordures de tous genres, soit par des animaux qui pullulent près des décharges sauvages et rodent dans les rues et ruelles. Le village, dont le décor désolant de l’insouciance hygiénique ressemble à la quasi-totalité des villages de Tizi-Ouzou et est devenu durant cette dernière décennie, le lieu de « villégiature » et sources de nourritures pour rats, chats et chiens errants.

L’incivisme des citoyens conjugué au laisser-aller flagrant des autorités municipales qui se sont succédé à la tête de la mairie de Tizi-Ouzou depuis le début des années 90, sur le plan du ramassage d’ordures et de la gestion des déchets ménagers et industriels dans ce village ont fait de Tala-Athmane un lieu où se regroupent maladies et épidémies de tous genres.

Hier encore, une vieille femme a été admise au service des maladies infectieuses du CHU. Elle présentait les mêmes symptômes que ceux des autres malades admis le 30 novembre et le 2 décembre derniers. En fin de l’après-midi d’hier, le service infectieux de l’hôpital Nedir attendait toujours les résultats des analyses effectuées sur les prélèvements de sang envoyés à l’Institut Pasteur.

M.A.T.

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