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Les rythmes saisissants de la vie

La poésie est un territoire fertile aux errances les plus fécondes. Car les mots du poète, même quand ils disent la douleur de vivre et l’absurdité de l’existence, s’inventent des raisons de résister.

Les Nuits de l’absence, premier recueil de poésie de Mohand Cherif Zirem contient un souffle qui libère une énergie revitalisante. Et pourtant, il y est question, parfois, de douloureuses interrogations.

« Au delà des lieux

Au temps des troubles

A la nuit des asperges

Je tente de marcher

Le silence chante

En exergue des rives des cieux

Il crée sa silhouette

Mes mots se mélangent

Avec l’âme de mon âme

Pour tenter de marcher », écrit le poète. Dans les marges du monde, le silence sait donc se faire parole et incite l’individu à aller au fond de lui-même.

« Le printemps était noir

La révolte irrépressible

Ils embrassaient la mort

A la fleur de l’âge

Les insurgés

Broyer la tyrannie

Un songe si grand

Un songe si loin

Cette terre accaparée

Ne cesse de rêver

Pour que le printemps

Ne soit plus noir

Pour que ces montagnes

Exquises

Soient salvatrices », confie Mohand Cherif Zirem qui ne peut pas rester indifférent devant ce qui se passe dans son pays. Le poète regarde devant lui et reconnaît ceux qui veulent réellement changer la vie des plus malheureux. Ceux qui veulent donner du bonheur à cette société difficile à vivre, ceux qui veulent supprimer l’indignité. Parfois c’est le mystère que le poète tente d’apprivoiser.

« Le chant de tes paupières

Qui entoure l’océan de tes yeux

M’invite à danser

Sur des airs enivrants

Ton magnétisme inextricable

Me révèle des mystères

Qui enrichissent ma folie », souligne le poète. C’est dans ce prolongement de l’indicible que le poète emprunte les chemins des aèdes d’autrefois.

« Patienter n’est qu’une quête

De ce qui est plus profond que soi

Au soir de chaque attente

On apprend à déceler

Comment se propagent nos pas

Devant nous s’évapore le temps

Au rythme démesuré

Cependant on s’impose

Car au delà de la patience

Point d’image qui s’affiche », fait remarquer Mohand Cherif Zirem.

Edité aux éditions Zirem, Les Nuits de l’absence exprime des quêtes multiples.

« A mi-chemin de la déchéance

Tu m’ouvres tes bras

Les yeux fermés

Tu me demandes d’habiter ton silence

De partager tes instants

Et de t’offrir un nuage

L’overdose de ta passion

Ne t’incarne point de certitude

Ma présence te console

Tu souhaites arrêter le temps

Mais le temps passe

Comme cette étoile indomptable », écrit Mohand Cherif Zirem.

Le temps est souvent interrogé par le poète qui comprend comme Beaudelaire avant lui qu’il « est un joueur avide qui gagne, sans tricher, à chaque coup ».

Le temps sera un éternel mystère.

« Azur propagé

Un papillon danse

Au rythme du chant d’un matou

Un chant printanier

Un chant presque hâlé

Je titube démesurément

Chaque instant qui passe

M’éloigne du jour

Je reprends mes chants

Ou presque

Demain je ne serais plus là

Et la nuit aura raison de moi », avoue le poète. Même si certaines ambiances se répètent dans Les Nuits de l’absence, ce livre est, à bien des égards, à parcourir. Pour le plaisir de lire et de méditer un peu. Pour aller de l’avant et être meilleur que soi-même.

Farid Aït Mansour

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