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 »Le soufisme doit être réhabilité »

La Dépêche de Kabylie : Pouvez-vous nous établir le bilan de ce colloque ?

Ahmed Ben Naoum : Notre but était l’ouverture comme si nous entrions dans la voie de la science et du soufisme en même temps, même si le soufisme est l’objet de nos préoccupations scientifiques depuis longtemps. Le premier colloque, tenu à Tlemcen, a été la confirmation que le soufisme doit être réhabilité, mais il ne peut l’être que s’il est une pratique religieuse et scientifique. Les chercheurs ont libéré la pensée et ouvert une brèche dans le silence qui entoure depuis plus d’un demi-siècle et étouffe la religion réelle des Algériens. C’est ce qui a interdit à la société algérienne de produire du sens pour elle-même. De ce fait, l’Algérie est tombée dans la guerre civile, et la responsabilité de l’Association des oulémas est énorme de ce point de vue pour avoir condamné la pensée et la pratique soufies. Le colloque que nous venons de tenir à Bgayet confirme et développe celui de Tlemcen. Au point où, aujourd’hui, nous pouvons en Algérie devenir un pôle mondial de regroupement de la recherche sur le soufisme.

Hormis les spécialistes et les initiés, le simple citoyen ignore jusqu’au sens même du mot soufisme, nous l’avons constaté chez ceux venus assister au colloque…

La société est en train de se réconcilier avec elle-même, avec sa matrice culturelle et spirituelle, mais aussi avec la liberté de la recherche scientifique. Nous devons cela à notre centre (le CNRPAH), ses cadres, et au ministère de la culture qui nous aide beaucoup. Si les choses continuent, nous allons devenir un pôle mondial dans le domaine de la recherche. L’année prochaine, nous aurons l’embarras du choix car la demande pour participer à ce colloque est très grande de par le monde.

Mais comment construire des ponts entre les chercheurs et la société ?

Le défaut de la cuirasse, c’est malheureusement l’absence d’intermédiaires culturels pouvant transformer le langage de la science pour que la société puisse le consommer. Il faut qu’il y est, en Algérie, des revues spécialisées en histoire, en histoire des religions, en archéologie et dans les domaines de la culture. La presse doit s’occuper de ces créneaux. Les journaux ne doivent pas continuer à se limiter au journalisme politique et sportif. Il faut s’ouvrir.

Propos recueillis par Aomar M.

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