Le FFS dans la tourmente

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La contestation dans les rangs du FFS reprend du poil de la bête, après une trêve qui aura duré près de deux mois, suite à l’assassinat de Rabah Aïssat.

Plus de cinq fédérations du parti de Hocine Aït Ahmed, en plus de celle d’Ile-de-France, ont délégué des représentants élus pour prendre part au conclave tenu avant-hier au siège de la section de Tizi Ouzou. Le consensus n’a pas du tout tardé à se faire entre les différents participants, la décision d’occuper le siège national à partir d’aujourd’hui jusqu’à demain soir a été entérinée et adoptée à l’unanimité.

Les contestataires qui ont déjà saisi Hocine Aït Ahmed par un rapport assez vitriolé contre la direction nationale, ne se sont pas empêchés de charger un émissaire en la personne de Medjber Marouf, un proche compagnon et fidèle du président du parti, aux fins de lui dresser un état des lieux de cette rupture latente mais bruyante entre la base et l’état-major du parti. Les démonstrations de force organisées par le groupe contestataire, y compris lors de la commémoration de l’anniversaire du parti, n’ont pas suffi à Hocine Aït Ahmed pour arbitrer une bonne fois pour toutes le bras de fer, combien paralysant et démoralisant pour l’ensemble des militants, restés dans l’expectative et l’interrogation permanente. Ce qui vient aussi obscurcir davantage la situation du parti dans son rapport avec la base, est le boycott des sénatoriales pour la deuxième fois, d’autant plus que l’argumentaire avancé n’a pu convaincre l’opinion militante du bien-fondé de la décision, sachant que la participation du FFS assurera à coup sûr de rafler les deux postes car de loin favori devant tous les autres partis. De plus, la base militante qui reste déroutée a en mémoire, depuis 1997 que les quatre postes de sénateurs pour les wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa ont toujours été raflés par le FFS. La contestation en cours est considérée par les militants de base comme un rempart politique et s’installe comme pont d’échange avec le président du parti entièrement désinformé et loin de l’amère réalité du parti. Le coup de force d’aujourd’hui, soutenu par plusieurs militants, est un appel d’urgence au président du parti afin de mettre fin à l’imbroglio qui dure depuis des mois alors que des défis politiques attendent le parti et que dans six mois se tiendront les élections législatives. Estropié, affaibli, le FFS plonge dans une zone de turbulences avec l’évidence que si la crise perdure dans le temps, le parti fera face à une hypothèque stratégique et perdra de sa force en ces étapes à jeux et enjeux cruciaux comme l’illustre les dernières et futures sénatoriales où son absence livre sur un plateau les deux postes inespérés de sénateurs à ceux pour lesquels le rêve serait presque interdit, si le parti de Aït Ahmed se mettait de la course. Le pressing des contestataires se veut permanent et durable, en exigeant le départ de la direction actuelle, soutenue par le président du parti, du moins provisoirement, et on croit savoir que Hocine Aït Ahmed qui tarde à se prononcer sur le mal qui ronge sa formation, pour une raison de santé car souffrant ces derniers mois. En tout état de cause, le FFS aussi va mal et rien n’augure d’un dépassement de la crise. Pire, les prochaines échéances aiguisent encore plus les appétits et les contradictions, menant le bateau FFS vers un naufrage électoral et organique quasi certain.

Khaled Zahem

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