l Le village socialiste agricole, Adila, quatre kilomètres à l’ouest de Tizi Ghennif qui fut longtemps une des fiertés de la localité, florissant comme l’avait été le socialisme, véhiculé par la défunte Révolution agraire offre à présent, si ce n’est depuis l’amorce d’une autre politique nationale, un aspect affligeant. En effet, pour les anciens, ceux qui ont vécu cette période euphorique au cours de laquelle le citoyen pouvait vivre gratuitement, à la charge de l’Etat providentiel, pourvu qu’il ne cherche pas à mettre des bâtons dans les roues de la kasma locale ou à parler de liberté d’expression confisquée ou de tamazight à l’école, le ventre ne risquait pas de connaître la faim.
Adila était visité tous les jours par des centaines de véhicules venus qui, de l’Est, qui de l’Ouest pour non pas, son musée historique, ni pour ses anciennes vestiges mais pour son “Souk El Fellah” et son centre commercial pour les jeunots. Les rues étaient propres, exemptes de nids-de-poule, le bureau de poste, l’annexe de mairie, la salle de soins fonctionnaient quotidiennement et il était même prévu un hammam pour les fellahs fonctionnaires, qui avaient bénéficié de logements d’astreinte.
“Il ne nous reste plus que nos yeux pour pleurer”, peut-on décoder sur les visages des fidèles assis sur les marches de la mosquée en attendant l’Adhan de Cheikh Ali, l’imam. “De toutes les infrastructures mises en place dans ce village, il ne reste plus que cette mosquée qui fonctionne grâce à notre jeune imam (SDF) qui initie régulièrement des activités culturelles comme les concours sur la connaissance du saint Coran, l’Islam et même sociales en organisant des volontariats et aides pour les démunis”, nous confient avec amertume nos interlocuteurs.
E. N. K.