Orhan Pamuk, le lauréat du prix Nobel 2006 de littérature, est rentré tard mercredi en Turquie sous haute sécurité dans la crainte d’éventuels incidents en raison des controverses politiques qu’il a suscitées, ont rapporté jeudi les médias.
Aucun incident n’a cependant été signalé à l’aéroport d’Istanbul où il a été applaudi par quelque dizaines de passagers et leurs familles présents dans le terminal.
« Je suis un peu fatigué mais très content », a déclaré aux journalistes M. Pamuk qui avait appris avoir remporté en octobre le Nobel à l’université de Columbia à New York où il est professeur. Il était ensuite brièvement revenu à Istanbul où il habite dans la plus grande indifférence de ses compatriotes avant de partir pour la Suède où le Nobel lui a été décerné dimanche. La police anti-émeute s’est déployée massivement dans l’aérodrome après qu’une chaîne de télévision pro-nationaliste eut appelé les Turcs à accueillir le romancier à l’aéroport avec des drapeaux turcs.
« Ce prix appartient à la Turquie, à nous tous, à la culture et à la littérature turque dans laquelle je nage depuis des années comme un poisson », a dit souriant l’auteur de « Neige » et de « Le Livre Noir », vêtu d’un costume sombre et d’une cravate.
Orhan Pamuk, 54 ans, premier Turc à avoir été honoré de cette distinction, a suscité de vives polémiques en Turquie qui lui ont valu d’être qualifié de « renégat » par les milieux nationalistes avec ses prises de positions sur le conflit kurde et la question arménienne, longtemps restés tabous.
Il a été poursuivi pour « dénigrement de l’identité nationale turque » après avoir affirmé dans un magazine suisse en février 2005 : « Un million d’Arméniens et 30.000 Kurdes ont été tués sur ces terres, mais personne d’autre que moi n’ose le dire ». Les poursuites ont été abandonnées début 2006.
