L’exil a souvent été dans notre pays au centre de l’écriture romanesque. Thème incontournable, l’exil est un réservoir où beaucoup de nos écrivains ont puisé leurs plus belles histoires. Makhlouf Bouaïch, qui vit depuis plusieurs années en France a révisité ce sujet dans son roman intitulé Mémoires remuées. L’histoire qui s’étale sur 300 pages relate les péripéties d’une jeune algérien aux prises avec son quotidien en exil. Hamid, personnage principal du roman est un jeune algérien que la situation politique et socio-économique de son pays l’ont contraint d’aller vivre sous d’autres cieux. Là, à l’instar de beaucoup d’autres jeunes qu’il rencontre, il cherche un moyen efficace pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille restée au pays. Ce pays très cher au cœur que tant de personnes ont quitté malgré eux. Tel Achour, naguère journaliste ou Karim, originaire du centre du pays, qui ne doit sa vie sauve que parce qu’il dormait sous un pont, la nuit du carnage de sa famille.Depuis ce jour, la peur le traque. Et la liste est longue de ceux que la guerre civile qui ne dit pas son nom qui ravage le pays, a jeté loin de leur terre. Dans le roman les aléas de la vie se présentent comme un chapelet. Au moment où on règle un problème professionnel, un problème de voisinage surgit. La chambre est exiguë et les locataires se montrent de plus en plus insupportables. Mais malgré tout, à côté de ces travers, il y a le courage, la résistance contre la douleur. Officier déserteur, tantôt chez un jeune intégriste, Hamid relate la situation dramatique qui sévit dans notre pays qui a fait de sa jeunesse des émigrés- nomades.Et comme pour dire, tout finit mal dans le pire des mondes, Makhlouf Bouaïch termine son récit avec une fin tragique. Au retour de Hamid dans son village natal, il s’arrête près du cimetière. En lisant les noms écrits sur les tombes, il découvre celui de sa femme. Absorbé par des pensées lancinantes, il reste là figé devant la tombe de sa femme avant qu’une balle ne l’atteigne à la tête. Il meurt aussi bêtement que sont les assassinats de milliers d’Algériens.Makhlouf Bouaïch qui est surtout connu pour sa poésie et ses écrits journalistiques dans divers quotidiens et hebdomadaires nationaux nous donne là à savourer une histoire pleine de vérité, d’amertume et quelquefois d’émotion.
Boualem B.