L’aube vierge

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Lynda Koudache est une jeune poétesse née à Aït Boumahdi dans un village niché au flanc nord du Djurdjura. Cette région a donné beaucoup de noms d’artistes qui ont signé en lettres d’or leur parcours artistique. Lynda Koudache que nous avons rencontrée au hall de l’exposition de la maison de la culture de Tizi Ouzou dans une séance de vente-dédicace, timidement certes, mais sûrement tente de se frayer un chemin dans le parcours parsemé d’embûches qui est celui de l’écriture de la poésie et de sa publication.Ecrire la poésie est à la portée de tous. C’est l’art des pauvres par excellence. En effet, il suffit dans le pire des cas d’un stylo et d’une feuille blanche à remplir. La nuit, la solitude et l’inspiration se chargent du reste.Dans la poésie spontanée de nos anciens poètes, rien de tout cela n’était nécessaire. La pratique de la rime, la rhétorique étaient quasi quotidiennes. Tout le monde avait le verbe facile et doté d’une capacité mnémotechnique extraordinaire facilitée il est vrai par une métrique de forme fixe qui venait dans toutes les joutes. Lynda Koudache avait la possibilité de faire de la poésie autrement. Elle aurait pu si elle l’avait désiré écrire ses poèmes aidée en cela par la lumière qu’elle peut apprivoiser dans la boîte noire de son appareil photos.Après avoir réussi sa formation de photographe au centre de formation professionnelle Tala Allam, elle a préféré « descendre des nuées » et se consacrer à la poésie « terre à terre » pour parler des siens et plus particulièrement de la femme.La poétesse Lynda Koudache qui « rêve d’un monde de paix », selon ses propres dires, a commencé à écrire ses premiers poèmes alors qu’elles avait tout juste 14 ans. Ses poèmes sont une véritable hymne à l’humanité et toutes ses aspirations, à savoir la paix. Mue par un intéressement de ses proches, elle décide d’approfondir ses connaissances dans l’art de faire les vers. Elle lira beaucoup Kateb Yacine et Zhor Zerrar.Lynda Koudache est l’une de rares poétesses de la génération d’après l’école fondamentale à écrire avec deux langues : celle de Molière et Tagui nagh selon l’expression consacrée du poète et dramaturge Mohia.En 2003, elle publie L’Aube vierge où l’on peut déceler la fibre « romantico-lyrique de la poétesse qui a mis à l’honneur la femme. Son sujet de prédilection et dans lequel elle se sent partie intégrante.Il y a aussi d’autres thèmes comme l’innocence, la mère, l’espoir, l’amour du pays, l’amer exil etc.Chaque poème libéré du joug de la rime (poésie libre) est précédé d’un aphorisme. Je vous livre celui trouvé en page 12 qui est une sorte de prologue du poème L’Aube vierge qui a donné son titre à l’opuscule. « Si je frappe à la porte ouvre-moi la fenêtre. SI je ne frappe pas, ouvre-moi la porte ».Lynda Koudache a été publiée en France dans le Cahier littéraire et d’information du P’tit pavé aux éditions qui portent le même nom.Nous l’avons signalé au début de cette présentation, Lynda Koudache écrit aussi des poèmes en kabyle usant de sa langue maternelle, elle ne peut utiliser une autre langue pour s’affirmer en tant que femme.Et d’affirmer son existence et sa volonté farouche d’exister par cette allégorie qui est le titre de son receuil de poésie en tamazight; »Lligh uqbel ad illigh », à traduire par « J’existe avant de même d’exister ».Nous reviendrons plus en détails sur ce recueil publié en 2004 dans nos prochaines éditions.

M. Ouanèche

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