“C’est le RCD qui est derrière l’assassinat de mon frère”

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D.D.K. : 32 mois après la triste nuit du 7 avril 2004, pourriez-vous nous parler comment vous et votre famille aviez vécu cette période ?

Rachid Allaouche: C’est déjà très pénible pour moi et pour tous les membres de ma famille de nous replonger dans la douloureuse période de l’assassinat de Hakim à l’occasion de ce procès qui représente en même temps pour nous, la famille et délégués du Mouvement citoyen des archs, une halte capitale dans la recherche de la vérité sur tous les autres assassinats commis lors des évènements du Printemps noir et qui sont toujours restés impunis. Nous n’avons pas oublié, ma famille et moi, un seul instant de ce jour du 07/04/2004 lorsque nous avons appris la mort atroce de Hakim à l’intérieur de la librairie à Fréha centre. Jusqu’à cet instant l’émotion est grande de se rendre compte qu’on a perdu à jamais un être très cher… on baissera pas les bras pour autant et nous ne ferons notre deuil qu’après s’être assuré que justice a été rendue pour honorer sa mémoire. Que les gens aux intentions malveillantes qui font pression sur la famille et les témoins sachent que nous demeurerons debout.

De quelles pressions parlez-vous ?

Il s’agit, en fait, de pressions de nature diverses, directes et indirectes, qui nous parviennent par le biais de membres de la famille, des proches pour essayer de nous éloigner du chemin de la recherche de la vérité sur l’assassinat de Hakim. Ces pression sont en fin de comptes des formes perfides d’intimidation et de menaces voilées. Il est facile de nous faire admettre que ce qui est fait est fait et qu’il faudra tourner la page. Ces gens croient qu’avec l’argent on peut tout acheter y compris l’abandon des sacrifices des martyrs du Printemps noir, comme eux, ils ont troqué et trahi le combat de plusieurs générations de militants pour l’identité et langue amazigh et la démocratie pour des intérêts matériels et des postes immérités au sein des institutions de l’Etat. Ils doivent aussi se mettre dans la tête que notre engagement écrase tout sentiment de recul devant les menaces et intimidations. Le Mouvement citoyen a brisé la chape de plomb imposée par le pouvoir et ses relais et quelques soi-disant militants de la République démocratique.

Et vous visez qui par ces propos ?

Depuis l’éclatement de l’affaire on a jamais cessé de dire que c’est le RCD qui est derrière cet horrible assassinat, et que c’est lui l’auteur de ces innombrables pressions !

Mais quels sont les éléments qui vous permettent d’être aussi affirmatif ?

Ce ne sont pas seulement de simples accusations avancées sous le coup de la colère, de la haine ou de la vengeance. Tous les éléments de l’enquête préliminaire et de cette d’après convergent vers une seule piste qui établit que le RCD est derrière l’assassinat de mon frère. Les témoins et leur dépositions sont catégoriques quant à l’identité des exécutants de la sale besogne, qui sont des parents très proches de celui qui se croit être le chantre des luttes démocratiques dans le pays alors que déjà pèse sur lui une accusation populaire portant sur sa responsabilité directe dans l’assassinat d’un légendaire chanteur engagé en juin 1998.

Il ne faudra pas non plus occulter la campagne truffée de mots de haine et de division mené par ce candidat à la présidentielle d’avril 2004 quand, en plein meetings électoraux il nous qualifiait de dealers, de drogués et de racketteurs pour nous jeter à la vindicte populaire et subir l’intox de la population.

C’était justement une campagne pour banaliser et justifier tout acte criminel comme celui qui a coûté la vie à mon frère Hakim; et c’est pour cette raison que l’enquête et le procès doivent aller plus loin que la condamnation des deux accusés actuellement en prison.

Selon vous quel est le mobile du RCD dans cet assassinat ?

Il n’y a aucun mobile qui peut justifier l’assassinat d’une personne surtout dans le cas comme celui de Hakim tué pour l’appartenance de son frère aîné à un mouvement qui a soudé pour la première de toute l’histoire de la Kabylie tous les enfants d’une même région et fait adhérer à ses revendications le reste de l’Algérie. Chose que ces charognards rentiers n’ont pas pu réussir durant plusieurs décennies malgré le soutien indéfectible et les sacrifices de milliers de personnes dans la clandestinité et à l’étranger. Ce parti, d’ailleurs le même complexe est développé par beaucoup d’autres partis et organisations, pense dénier toute représentativité de la région en dehors de ses structures éclatées et mourantes.

Durant l’élection d’avril 2004 ce parti qui a assassiné mon frère a marché dans la logique habituelle du pouvoir, celle de semer le désordre par le meurtre politique pour imposer un choix prédéfini, on a voulu attenter à la vie de quelques délégués surtout que le climat a été préparé par des aventuriers de la politique politicienne.

Qu’attendez-vous de ce procès ?

D’abord comme tout parent de martyr du Printemps noir, je souhaite que la vérité éclate pour enfin faire mon deuil et sentir le sentiment du devoir accompli envers Hakim. Aussi, en tant que délégué du mouvement des archs, notre combat est celui entre autres de l’instauration d’une justice indépendante loin des pressions et intimidations de toute forme. La justice doit jouer son rôle qui est primordial pour la construction de la démocratie et d’un véritable Etat de droit.Tanemmirt pour le journal la Dépêche de Kabylie.

Omar Ben-Mohamed

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