l Comme à la veille de chaque Aïd El Adha, la fièvre du mouton (pas la fièvre aphteuse) s’empare des pères de famille. Les maquignons ou de petits éleveurs n’attendent pas le marché hebdomadaire pour écouler les bêtes invendues durant les marchés précédents. De bon matin, ils investissent le centre de la ville et attendent de pouvoir refiler leurs moutons aux retardataires qui ont attendu la dernière minute pour offrir un mouton à leurs enfants. “Je ne peux laisser mes enfants passer la fête sans mouton” dira l’un d’eux, comme pour justifier cette dépense excessive, dont on peut pourtant se passer car, si, les enfants de la ville attendent avec impatience d’être en contact avec ces moutons, ceux de la campagne, eux côtoient quotidiennement les animaux de la ferme sans excitation particulière. L’achat d’un bélier, n’excite la convoitise de personne dans la mesure où le rituel du sacrifice n’est plus ce qu’il était jadis. Il est devenu l’apanage des nantis et de certains irréductibles qui ne peuvent déroger à la règle même s’ils doivent s’endetter. Ce n’est, de toute façon, pas le simple fonctionnaire qui vient d’être laminé par les vacances, la rentrée scolaire et le Ramadhan, qui pourrait affronter les vendeurs de moutons. Les prix proposés dépassent l’entendement. Vous ne pouvez pas prétendre à l’achat d’une bête “valable” à moins de deux millions de centimes. A l’entrée du marché, un intermédiaire nous interpelle, sentant un client potentiel “si vous aimez vos enfants (encore les mioches), vous ne trouverez pas mieux”. A notre interrogation quant à la montée vertigineuse des prix, chacun avance une raison différente. Pour certains, la maladie a décimé le cheptel et il est tout a fait logique qu’“on se rattrape durant l’Aïd”. Pour d’autres, les dernières pluies ont dissuadé les “Arabes”, c’est à dire les éleveurs des Hauts-Plateaux, de vendre. Ce qui n’est pas nouveau, puisque, dans ces régions, on ne consent à se séparer facilement de son cheptel, que lors des périodes de sécheresse. Dire qu’il y a quelques mois seulement les marchés à bestiaux étaient désertés même par les habitués. beaucoup d’enfants n’auront pas de mouton, pour le jour de l’Aïd mais la fête n’en sera pas moins belle, pour autant.
Nacer B.
