‘’Notre meilleure arme, la sensibilisation’’

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Au cours d’un entretien accordé avant-hier à la Chaîne II de la Radio nationale, Farid Achour, cadre au Parc national de Gouraya a brossé un tableau synthétique de cet espace protégé attenant à l’agglomération bougiote et a mis l’accent sur les efforts de sensibilisation menés en direction des visiteurs et des citoyens en général pour leur faire prendre conscience de la valeur environnementale du site de façon à susciter une adhésion de plus en plus accrue à la politique de préservation de la nature et de la promotion des valeurs écologiques.

L’interlocuteur de la radio a commencé par situer le Parc de Gouraya. Ce dernier surplombe la ville de Béjaïa par le Nord et occupe une superficie de 2080 hectares, auxquels il faut ajouter les 2,5 ha du lac Mézaïa et 12 km sur la mer Méditerranée. En longueur, le Parc va de la crique des Aiguades (entre les caps Bouak et Pointe noire) jusqu’à Boulimat.

Il est situé dans un étage bioclimatique humide. Sa structure orographique est composée des deux principales montagnes qui bordent la mer: Adrar Gouraya, culminant à 672 m d’altitude, et Adrar Oufarnou, culminant à 454 m.

M. Farid a rappelé que le Parc de Gouraya a été classé comme tel en 1984 par les autorités algériennes et qu’il fait aussi partie des réserves mondiales de la biosphère au vu de son potentiel faunistique et floristique diversifié. Une des particularités de ce précieux espace bougiote est certainement la présence de sites historiques et touristiques de grande valeur.

Ce sont ces atouts réunis qui font de ce Parc une direction privilégiée de milliers de touristes et visiteurs qui s’y rendent tout au long de l’année. Cette affluence s’élève pour l’année 2006, d’après Farid Achour, à 100 000 personnes.

Ce site est l’une des rares destinations de délégations et visiteurs étrangers dans la partie Nord du pays. Ce cadre affirmera que pas moins de 260 étrangers, parmi lesquels des ambassadeurs et des animateurs d’associations, ont visité le Parc au cours de l’année passée. L’invité de la radio répondra également à la question portant sur la surveillance et le gardiennage dans l’enceinte du Parc. Il dira que cette structure dispose de dix gardiens répartis sur tout le territoire et d’une brigade qui travaille vingt-quatre heures sur vingt-quatre prête à intervenir lorsque la situation l’exige.

Concernant d’éventuels travaux de restauration des sites historiques que compte le Parc de Gouraya, l’on apprend qu’une étude est déjà lancée dans ce sens. Un étudiant, en l’occurrence Malek Aït Hamouda, spécialisé en ‘’Architecture du patrimoine’’ s’est déplacé de Paris pour faire des investigations sur les vestiges des constructions que recèle la Parc de Gouraya.

Contrairement à l’idée reçue, ces constructions seraient l’œuvre des Français et non des Espagnols. La première partie de cette étude, assure-t-on, est bien avancée. Ce n’est qu’une fois finalisée que d’éventuels projets de restaurations seraient proposés à l’inscription.

L’inévitable question relative à la préservation des sites et à la salubrité des lieux sera abordée par l’animateur de la radio à la lumière des expériences peu reluisantes connues un peu partout en Algérie dans des lieux de détente de ce genre. Farid Achour, sans nier l’existence de cas d’ ‘’incivisme’’, insistera sur le volet sensibilisation qui, à ses yeux, revêt un caractère primordial.

“Les gens doivent, par leur civisme, contribuer à la propreté des lieux’’, dira-t-il. Il dira aussi que, à plusieurs reprises et suite au dépôt d’ordures et déchets par des visiteurs, l’administration du Parc organise des journées de volontariat pour le ramassage et la collecte des objets laissés sur place.

Concernant la chasse, il rappellera qu’elle est interdite. Mais, quand la possibilité existe de chasser quelques oiseaux migrateurs, le Parc mène des campagnes de sensibilisation auprès des chasseurs pour les orienter sur les espèces et le nombre de pièces à chasser.

Comme dans beaucoup d’espaces protégés en Algérie, le Parc de Gouraya souffre de certains problèmes liés à la présence en son sein d’activités économiques aux antipodes de la nature et de la vocation du site. Il s’agit de trois carrières de graviers en activité dans le périmètre du Parc. L’observateur le moins porté sur la donne écologique verra dans cette coexistence une contradiction flagrante. Le propre des carrières est de s’étendre indéfiniment au détriment du tissu formant le Parc ; cela, outre les nuisances sonores et les poussières qui portent atteinte à l’environnement du site et aux visiteurs.

Une autre plaie sera évoquée par l’invitée de la radio. Il s’agit de la décharge publique de Boulimat laquelle, en plus de son aspect hideux et des remugles qu’elle dégage, est souvent à l’origine d’incendies suite à l’incinération dont elle fait l’objet. Farid Achour expliquera que l’administration du Parc est en contact permanent avec les autorités locales pour trouver un terrain d’entente de façon à délocaliser les carrières et la décharge hors de l’enceinte du Parc.

Au sujet des incendies de forêts, exceptionnellement pour la saison passée, ils se sont produits au mois d’octobre et ont été à l’origine de la perte de 280 hectares dans la zone Ouest du Parc.

On apprendra aussi que l’administration du PNG a installé des musées de la nature pour mieux prendre en charge la sensibilisation des populations à la protection de l’environnement.

Amar Naït Messaoud

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