Le mont Gouraya vu par le capitaine Carette (1848)

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n À partir du site de la ville de Bougie, le mont Gouraya donne l’impression d’un rocher protecteur qui étend ses bras jusqu’aux portes de la Cité. Ce relief s’élevant au-dessus de la mer et la découpe du golfe ont imposé à Bougie une typologie de construction en cascades orientée vers le Sud. Carette écrit à ce propos : « Bougie est bâtie en amphithéâtre sur deux croupes exposées au Sud et séparées par un ravin profond appelé Oued Abzaz. Le ravin et les deux mamelons viennent se perdre dans la mer en formant une petite baie qui est le port actuel. En arrière de la ville règne un plateau de 145 mètres d’élévation d’où s’élance à pic à une hauteur de 671 mètres le Gouraya, remarquable par ses pentes abruptes, sa teinte grisâtre et ses formes décharnées. La crête du Gouraya s’abaisse par ressauts successifs jusqu’au Cap Carbon qui ferme à l’Ouest le golfe de Bougie. Le premier porte le nom de Malaâb-Eddib (le théâtre du chacal). Puis viennent sept dentelures juxtaposées que les Bougiotes comprennent sous la dénomination commune de Sebaâ Djeblet (les sept montagnes). À la base règne une caverne haute et profonde creusée par le choc incessant des vagues qui viennent s’y engouffrer avec des bruits sourds ; elle traverse le rocher de part en part, ce qui lui a fait donner le nom d’El Methqoub (Rocher percé). La crypte naturelle d’El Methqoub fut au XIVe siècle le théâtre des pieuses méditations de Raymond Lulle. C’est dans cet oratoire sauvage et grandiose que l’infatigable apôtre venait chercher des inspiration durant le cours de sa mission en Afrique « . Raymond Lulle était un philosophe, poète et missionnaire catalan (1235-1315), maîtrisant la langue arabe, et qui a fait plusieurs missions d’évangélisation en Afrique du Nord. Son port d’attache était la ville de Bougie.

In Rapport du capitaine de Génie E.M. Carette

dans Algérie et États tripolitains 1848

Réédition Bouslama –Tunis-1980

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