Environnement pollué

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Surplombant la prestigieuse vallée de la Soummam, la commune de Beni Maouche fait office de zone rurale fière de ses terres arables, bases de sa vocation purement agricole.

Connue pour son air pur, son eau ruisselante et ses sites pittoresques charmant le regard et permettant la rêverie, la localité de Beni Maouche est en passe de devenir le prototype des contrées couvant une catastrophe écologique.

Nonobstant l’inexistence d’une quelconque infrastructure dont le fonctionnement ou l’activité engendreraient un semblant de pollution, son environnement est dans un état de dégradation avancé.

La première cause en est la prolifération des fosses septiques sauvages dans les villages non assainis et des rejets à ciel ouvert au niveau de ceux qui ont bénéficié de l’assainissement. Sur tout le territoire de la commune de Beni Maouche qui compte

21 000 habitants répartis sur 94,86 km2, on ne compte qu’un seul bassin de décantation lequel, somme toute, depuis sa réalisation il y a plus d’une décennie, n’a bénéficié d’aucune opération d’entretien ou de rafistolage.

A l’ombre de la rapide expansion urbanistique qui n’est que le résultat de la politique de recasement à grande échelle prônée par les gouvernants, on assiste à la dégradation du cadre de vie dans les cités-dortoirs et autres favelas des temps modernes.

C’est suite à cette concentration humaine que les vecteurs de pollution ont vu le jour pour, qu’en fin de compte, l’environnement en pâtisse gravement !

C’est ainsi qu’on peut s’enliser à l’orée de chaque village ou pâté de maisons dans un bourbier fait d’excréments humains qui empiètent dangereusement sur les terrains agricoles, les rendant parfois inaccessibles. En contrebas des cités, ce sont des eaux usées qui se déversent continuellement à l’air libre et d’où se dégagent des odeurs nauséabondes. Ces rejets forment à la longue des bourbiers dans lesquels pataugent des enfants accompagnant le bourdonnement des essaims d’insectes en tous genres. C’est désormais le décor environnemental de la localité ! Ce qui constitue, en effet, une menace pour la santé des personnes n’a pas droit de cité dans les discours des politiciens ni même dans celui des citoyens qui feignent d’ignorer cette triste réalité.

D’un autre côté, dans les endroits non assainis, les fosses sauvages sont creusées à proximité des puits à usage domestique et avec la bénédiction des services qui sont censés préserver notre environnement, de sorte qu’une épidémie de choléra ou de peste frappe aux portes de cette commune laissée pour compte.

La maigre subvention allouée à la commune pour la réalisation des PCD est certes répartie de façon à assainir au moins les lieux où s’agglutinent des centaines de citoyens mais nul ne peut venir à bout de ce marasme tant que la municipalité est placée sous la perfusion des sommes votées et allouées par l’Etat en totale méconnaissance de la réalité du terrain. Cela ne peut être autrement, quand on sait que la commune ne dispose d’aucune manne financière ni d’aucun créneau en mesure de drainer des capitaux même si les atouts existent bel et bien. L’autre plaie faite sur la face de la contrée, trop apparente pour être occultée, reste la décharge communale qui est loin de respecter les normes en vigueur. Située à l’entrée de la commune comme pour accueillir le visiteur, elle est annoncée par des fumées suffocantes se dégageant des immondices ; elle n’est séparée de la chaussée carrossable que par des tas de terre entreposés là par des intrépides agissant tels ces fantômes de la nuit qui se débarrassent de tout ce qui encombre les entrées de leurs maisons ; le résultat reste une multitude de dunes faites de terre glaise, d’argile et de gravas. Cette décharge ne dispose d’aucune clôture ni d’aucune délimitation. Héritage des gestions précédentes, elle ne fait que nuire à la santé des population au vu et au su de regards tantôt compatissants et tantôt complices.

C’est en contrebas de la RN 74 qu’on peut l’apercevoir fumante et odorante. Accessible aux animaux et aux quelques mendiants qui s’y aventurent, elle n’est en réalité qu’un amas géant d’ordures ne bénéficiant d’aucune technique de compactage lors de leur décharge ni d’aucun traitement susceptible d’atténuer sa nuisance. En guise d’entretien, on fait appel à la traditionnelle incinération dont le degré de toxicité est avéré par les gaz qui s’en dégagent et se propagent dans l’atmosphère.

Cependant, si l’environnement de la commune a fait les frais d’une prise en charge approximative, il est aussi victime d’un certain incivisme affiché par quelques personnes dont l’esprit machiavélique justifie toutes les actions. Ce sont des centaines d’arbres fruitiers (figuiers et oliviers) qui sont anéantis par des incendies criminels.

Ce que le feu a épargné est détruit par la main de l’homme dont les actes malveillants ont eu raison du déjà maigre massif forestier de la région lequel a subi les affres d’un déboisement sans foi ni loi.

A ce rythme, on pourra toujours se demander ce qui restera de ce capital biologique inestimable pour les générations à venir.

La protection de l’environnement est pourtant l’affaire de tous et personne ne peut nous contredire.

A. M. Arezki

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