Les invités ont reçu de l’argent

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Blida. Troisième jour du procès de l’affaire Khalifa. Les débats lors de cette audience ont porté sur les conditions de création de la banque Khalifa et les nombreuses irrégularités qui l’ont entachée. La présidente Mme Fatiha Brahimi a demandé la présence de Aliouz Nadjia, absente depuis l’ouverture du procès, Lakhdar Khalifa, frère de Rafik Khalifa et Hammoudi Sid Ali, secrétaire général de la caisse de Tipaza et de Kebbache Ghazi, oncle du principal accusé dans cette “affaire du siècle”. Appelé à la barre par la présidente, l’accusé, Djamel Guellimi, ami d’enfance de Khalifa et de surcroît inspecteur à Khalifa Air Ways en France et directeur général de la chaîne privée KTV, estime qu’il n’a aucune relation de travail avec Khalifa en Algérie. Mme Brahimi lui fait savoir que les déclarations de la secrétaire de Khalifa le citent comme étant celui qui reçoit les hautes personnalités dans son bureau au siège de la banque Khalifa en Algérie. Guellimi est tout perplexe. Enchaînant sur sa question, la présidente enfonce le clou en s’interrogeant comment puisse-t-il ne pas avoir des relations de travail avec Khalifa et avoir en même temps un bureau à Alger. Mme Brahimi lui demande « pourquoi tu nies cette qualité ? ». De son côté, Djamel Guellimi continue de nier en bloc cette qualité en affirmant travailler que dans le cadre de relation. Soulevant un autre point, la magistrate l’interroge sur ses relations avec Yasmine Keramane, fille de Abdenour Keramane, ancien ministre de l’Industrie. « Jaouida Djazourli m’a contacté pour un contrat de travail. » Pour quel montant ? Guellimi dit ignorer ce montant. Mme Brahimi lui fait rappeler que cette somme s’élève à un million de francs français dans le but d’acquérir une voiture, un local à Milano en Italie pour une ligne qui va desservi Alger. Une ligne qui n’a jamais vu le jour, selon Mme Brahimi avant d’ajouter « pourquoi elle t’a contacté au lieu de Khalifa ? Quelles sont les compétences de Yasmine pour ouvrir une ligne aérienne ? » Guellimi reste toujours évasif dans ses réponses. Et c’est à la présidente du tribunal de répondre à ces mêmes questions comme celle qui lit dans les pensées de l’accusé. Pour la juge, elle a bénéficié de ces privilèges pour la simple raison qu’elle était la fille de Abdenour Keramane, ancien ministre de l’Industrie. La juge lui demande alors qui est habilité à créer de l’emploi : « C’est elle qui fait cela », dira-t-il. « Alors tu as fait un travail qui n’était pas de tes prérogatives. », rétorque Mme Brahimi. Abordant les sommes colossales de l’ordre de 12 milliards et demi soutirées de la banque Khalifa et utilisés dans la paiement des frais douaniers, la présidente déclare que le registre du commerce du prévenu est pleinement engagé. « Pour quelle contrepartie ? », s’interroge la magistrate. « C’est un service. », rétorque Guellimi. Qu’en est -t-il de la parcelle de terre que Moumen a offert à son ami Guellimi ? Ce dernier affirme l’avoir vendue à 5 millions de dinars.

Selon la juge, cette mirobolante somme extorquée de la banque sans aucun document a été utilisée dans l’importation de la bière que l’accusé dit ignorer. Plus loin, l’accusé est interrogé sur le montant de son compte bancaire et comment il a été appréhendé à l’aéroport en possession d’une mallette contenant deux millions d’euros. Guellimi répond n’avoir dans son compte que cinq à six millions de dinars. Pour sa part, le parquet a révélé que l’accusé disposait d’une carte Master Card de l’ordre de 3000 euros au moment où il a déboursé environ 20 000 euros. Sur cela, Guellimi reste silencieux. Revenant à la charge, Brahimi s’interroge à l’adresse de l’accusé comment il n’a pas de relations avec Khalifa alors qu’il est au courant de tout au niveau de la banque. A la question de savoir combien il touchait, l’accusé a repondu que son salaire mensuel est de 30 000 euros. Concernant le capital de la banque Khalifa, celui-ci l’a estimé à 150 millions de dinars. La juge a eu cette réaction : « Et vous les utilisez sans aucun document. On est dans l’ère de l’informatique. Je vais prouver que des milliards sortaient de la banque sans documents et comment l’argent du peuple a été soutiré. On ne prend pas de cadeaux estimés à cinq cent milles dinars ». Par ailleurs, la présidente de l’audience évoque les soirées mondaines que Khalifa organisait en France. « Qui était chargé de l’organisation de ces soirées ? », s’est- elle interrogée. Djamel Guellimi a rappelé que durant une fête tenue à Cannes, Katherine Deneuve, Gérard Depardieu, Pamela Anderson, Jacques Lang, son épouse, Patrick Bruel et Mami étaient présents. Est-ce que des enveloppes contenant des sommes d’argent ont été distribuées à certains invités de marque ? L’accusé répond avoir entendu cela. Les invités algériens ont-ils eu leur part du festin ? Guellimi dit ignorer ce fait. S’agissant de la confection des documents portant la naissance de la banque Khalifa, des contradictions flagrantes ont émaillé les déclarations de Djamel Guellimi et du notaire Omar Rahal au moment où la réglementation veut que le texte du contrat soit lu par le notaire lui-même à l’adresse des signataires de la famille Khalifa, c’est contre toute attente que Guellimi se chargera de porter lui-même le document jusqu’à la villa de Moumen Khalifa et, son épouse pour qu’ils puisent apposer leurs signatures. A ce moment, le notaire, attendait dans une voiture en bas de la route. Rahal a fait savoir que les membres de famille Khalifa défilaient séparément pour la signature du document en question. Une entrave flagrante envers la procédure.

Hocine Lamriben

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