Habiter en campagne où les choses de la vie quotidienne manquent terriblement est souvent un défi, une peine à vivre, comme le dit si bien le grand écrivain algérien, Rachid Mimouni.
Heureusement que la beauté du paysage et les préoccupations urbaines laissent tant de personnes s’inventer d’autres horizons, parfois d’autres refuges. Aller dans les bois en quête des plantes sauvages est l’un de ces courts chemins qui mènent au monde fabuleux.
Autrefois, les montagnards se nourrissaient même des plantes qui poussent dans la forêt. Ce temps est révolu, mais des pratiques ancestrales demeurent comme au bon vieux temps ou presque, même si les besoins de notre époque ont changé démesurément. Cette année, la cueillette des champignons ne tire pas encore à sa fin, le climat est toujours propice à cette activité qui continue à faire le bonheur des petits et des grands.
Normalement, dès la fin de l’automne, les champignons ne poussent plus sur les hauts lieux froids, à l’instar de la commune de Tifra, située près des hauteurs de l’Akfadou, dans la wilaya de Bgayet.
Mais puisque l’hiver tarde à imposer son trône, la nature a encore de beaux jours à offrir à “Tireghla”, comme on les appelle communément. Depuis quelques jours, les habitants des hautes collines investissent les champs à la recherche du délicieux aliment que les citadins ne découvre que dans des boîtes de conserve importées d’Europe ou d’ailleurs.
Contrairement aux pays nordiques où les champignons sont cultivées même dans des sous-sols, chez nous on se contente de les chercher dans la nature. Chaque après-midi, beaucoup de gens s’adonnent à la cueillette. Les bergers et les enfants rentrent, souvent, avec des sacs pleins. Ce n’est pas une tâche facile, car il faut faire plusieurs déplacements et se méfier des champignons vénéreux.
Mais ça vaut toujours la peine, surtout que le doux climat joue encore les prolongations. Tout le monde se souvient que le mois de janvier des années précédentes, la neige a accaparé les montagnes pour ne point laisser de place à de telles balades. Maintenant, ce n’est guère le cas. Toutefois, les agriculteurs s’inquiètent de l’absence de la pluie et craignent une année de sécheresse. “Ça fait des années qu’on a pas eu droit à des champignons en plein hiver. C’est vraiment exceptionnel. Jadis, dès la fin du mois de novembre, le froid glacial empêche de telles plantes de pousser. La nature peut aussi changer ses règles. Ils n’y a pas que les êtres humains qui peuvent avoir des attitudes disproportionnées”, ironise Na Fatima, une vieille de la région.
Le climat pas du tout hivernal, comme le pensent bon nombre de personnes, n’arrange pas les paysans qui attendent l’avènement de la pluie et de la neige.
Mais pour d’autres gens, c’est un temps propice à d’autres occupations. Cueillir les champignons, c’est aussi important aux yeux des enfants qui ne se lassent jamais des randonnées dans les champs.
Yasmine Chérifi
