Les fellahs s’organisent

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Une centaine d’agriculteurs de la daïra de Seddouk se sont retrouvés au centre culturel de la ville de Seddouk pour la création d’une association.D’emblée, Ichallalen Mustapha, apiculteur à Zounina, membre d’organisation et animateur de la réunion, a mis l’accent sur la nécessité d’une telle association. «C’est la défaillance des représentants locaux qui nous a incités à réfléchir à la création d’une association. Au lieu d’aller en rangs dispersés, pour la défense de nos droits que nous n’arrivons pas à imposer, il est préférable pour nous d’unifier nos rangs et de conjuguer nos efforts pour bien imposer nos idées et bénéficier des avantages qu’accorde l’Etat à l’agriculture et que certains bureaucrates freinent par le manque de vulgarisation surtout que dans la plupart du temps l’information circule de bouche à oreille», fulmine-t-il, à des fellahs qui semblent bien accepter le message en l’ovationnant.Ensuite, c’est au tour de Benméziane Makhlouf, ancien directeur de l’ex-domaine Chenna et membre d’une EAC issue de la dissolution de ce domaine, qui a pris le micro pour dire dans un long discours le but de la création d’une association des fellahs de la région : «La daïra de Seddouk est une zone montagneuse où le relief est accidenté. La plupart des villages sont nichés sur des crêtes loin des centres administratifs, et les agriculteurs sont souvent pénalisés par la mauvaise circulation de l’information. C’est pourquoi nous avons pensé à remédier à cela en créant une association où seront représentés tous les villages par des membres qui auront à désigner en toute démocratie les agriculteurs eux-mêmes», tient il à souligner.Continuant dans la foulée, il expliqua que : «L’Etat veut créer un équilibre entre la ville et la campagne en jugulant l’exode rural par des moyens appropriés accordés aux jeunes ruraux pour monter leurs propres affaires. L’Etat fait tout pour encourager les jeunes agriculteurs à assurer la relève au lieu qu’ils émigrent à l’étranger ou partent vers les grandes villes et les aides dans ce cadre ne manquent pas, pour peu que nos jeunes soit bien informés et orientés vers des créneaux porteurs», avait-il rajouté. L’orateur n’a pas manqué de mettre en relief toutes les difficultés rencontrées par les agriculteurs pour écouler les productions de l’huile d’olives de ces deux dernières années. «Notre économie est libérale et notre pays s’apprête à rentrer à l’OMC, ce qui suppose que nous sommes obligés d’obéir aux seules lois du marché où la concurrence devient de plus en plus rigide avec l’entrée des produits étrangers. Nous possédons la meilleure huile d’olive de tout le pourtour de la Méditerranée et nous n’arrivons pas à l’imposer sur le marché local, alors que durant la colonisation, l’huile, la caroube et la figue sont achetées par les docks ici à Seddouk qui les exportaient vers l’Europe et l’Amérique. Nous sommes condamnés de retourner à ce système en créant nous- mêmes nos circuits de distribution qui ne seront autres que des coopératives agricoles», a-t-il poursuivi. Enfin, il n’a pas manqué d’égratigner au passage la banque de Seddouk, en s’indignant : «Est-il normal qu’une banque reçoit des agriculteurs dans un couloir sous une plaie béante au plafond où apparaissent des conduites d’eaux usées ?» se pose-t-il la question.Dans les débats qui s’en sont suivis, beaucoup ont pris la parole pour relater les problèmes dans lesquels baignent les agriculteurs de la région et trouvent une aubaine dans cette idée de se regrouper pour bien défendre leurs droits, et les autres avec d’autres arguments n’ont pas jugé utile d’adhérer à l’association.

L. Beddar

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