Sur les traces fraîches de Chirac

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Jean-Louis Debré arrive à Alger pour une visite de trois jours toute en activité protocolaire. Tête à tête avec Ammar Saïdani, réception des chefs de groupes parlementaires de l’APN, discours devant les députés, dépôt de gerbe de fleurs à Maqam Echahid, visite du cimetière chrétien et de Notre-Dame d’Afrique, toute la panoplie des séjours de pure forme y passera. Mais ce n’est pas seulement pour cela que le président de l’Assemblée nationale française effectue le déplacement à Alger.

Dernier fidèle de Jacques Chirac qui dit, contre tout bon sens, encore “réfléchir” à sa candidature à la présidentielle, Jean Louis Debré viendra surtout rappeler que le Président français est passé par là et qu’il en restera toujours quelque chose “au cas où”.

Et s’il y a très peu de chances que Jacques Chirac postule à sa propre succession et encore moins de chances qu’il y réussira, il reste encore à Debré la possibilité de sauver le minimum dans la suite immédiate de sa carrière. En comptant le nommer à la tête du Conseil constitutionnel pour le mettre à l’abri d’un Sarkozy qui n’a pas une très haute idée de lui, Jacques Chirac déclenche — déjà — une polémique qui dépasse, de manière assez paradoxale d’ailleurs, sa propre famille politique. Magistrat, juriste mais pas constitutionnaliste, comme l’exige la tradition, Jean-Louis Debré, s’il venait à être porté à la présidence de cette prestigieuse institution, serait à l’origine de la première brèche ouverte dans la cohésion de l’état-major de l’UMP que seuls le talent et l’aura de Sarkozy ont pu sauver.

En outre, si les intentions de Chirac se confirment, ce ne sera pas la seule nomination qui pose problème et cela donnera à coup sûr du blé à moudre à une gauche déjà montée au créneau sur les prérogatives et le statut du président de la République. Les affaires franco-françaises ne se règlent pas pour autant à Alger. Si cette visite s’inscrit dans le cadre d’un redéploiement chiraquien qui vise à conforter la plus grande satisfaction de son bilan, il reste que sa portée est limitée, surtout que Sarkozy et après lui Breton sont passés il n’y a pas si longtemps. Eux, avec des choses beaucoup plus palpables. Debré quant à lui débarque à Alger dans l’inconfort de sa situation interne et les limites d’une coopération parlementaire dont tout le monde connaît la teneur. Ultime activité de son programme algérois avant de s’envoler découvrir les charmes de Djannet, le point de presse a toutes les chances de tourner plus sur les présidentielles françaises que sur les entretiens du boulevard Zirout-Youcef. Et la conjoncture n’explique pas tout.

Slimane Laouari

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