A l’initiative des membres d’une association culturelle naissante et de la Maison de jeunes de Frikat, s’est tenue, en cette matinée du mercredi, une conférence émouvante ayant pour thème : le chahid “Bouteldja Arezki”, tombé au champ d’honneur, les armes à la main au cours de l’historique bataille dite “6 Janvier 1959” à Aït Moussa. En effet, c’est devant un auditoire composé de collégiens notamment avec la présence de la veuve, Mme Bouteldja et le compagnon d’armes Arezki Abbas, en notant l’absence des autorités locales et des membres de l’ONM, que la conférence débuta dans une atmosphère empreinte d’une grande émotion, d’autant plus que la photo agrandie du héros de la Révolution de 23 années n’a pas manqué d’accaparer tous les regards juvéniles. “Le chahid Arezki Bouteldja est né, présumé en 1935 au Maroc où son père était dans la gendarmerie française. Enrôlé dans l’armée française, il sera envoyé au Vietnam où il vivra l’enfer de la bataille de Diên Biên Phu, avant de revenir en Algérie où la révolution armée était déjà déclenchée”, note sa veuve qui déclarera également qu’après son mariage, elle découvrira que son jeune époux était souvent appelé pour entraîner les djounouds au maniement des armes jusqu’à cette nuit du 18 mai 1958 qui marquera son départ définitif pour le maquis, que retracera peu après le moudjahid Arezki Abbas. Très affecté par les nombreuses blessures contractées au cours des nombreux combats auxquels il a participé en sa qualité de tirailleur, titulaire du FM 30, véritable baroudeur comme tient à témoigner Rabah Bendif, un compagnon d’armes, toujours en vie. Arezki Abbas, malgré son âge avancé retrace le courage de ce que fut son jeune camarade qui était toujours armé du fameux fusil “FM BAR” ou appelé par les villageois “24”, un fusil mitrailleur, bipied dont il portait fièrement le long chapelet scintillant de balles autour des épaules et de la poitrine, ce qui lui donnait une allure que chacun enviait. “Nous étions enrôlés le 14 octobre 1957 dans l’autodéfense décidée par l’officier SAS mais nous étions en contact déjà avec les frères moudjahiddine qui nous intimèrent l’ordre de nous exécuter jusqu’au jour “J”, à ce titre nous disposions de fusils de chasse”, raconte Abbas Arezki qui arrive à ce jour “J”, c’est à dire au 18 Mai 1958 où le sergent Slimane de l’ALN leur remet deux grenades tout en leur ordonnant de désarmer, dans la nuit leurs camarades de l’autodéfense. C’est ainsi que feu Arezki Bouteldja et Arezki Abbas passèrent à l’action en lançant une attaque interne, dans leur poste qui était assez éloigné de celui des militaires français. Le bilan de cette attaque fut d’un mort, cinq ou six blessés par la déflagration des deux grenades ainsi que de la récupération de six armes de chasse tout en prenant en otage deux de leurs camarades qu’ils relâcheront plus tard. Les deux compères seront affectés à la compagnie de Aït Yahia Moussa sous le commandement du Chahid Ali Benour. Ils participeront à plusieurs batailles, dont celle du 6 Janvier 1959 où Arezki Bouteldja tombera, à côté de plus de 380 autres compagnons, les armes à la main sous les bombes de l’aviation ennemie laquelle n’avait pas hésité à recourir au Napalm devant l’héroïsme des djounouds de l’ALN.
Mme veuve Bouteldja reprendra la parole en se remémorant que la nuit même de cette action du 18 Mai 1958, son défunt mari avait envoyé un émissaire à son père pour lui demander de la mettre en sécurité, le plus loin possible, car l’armée française en découvrant ce qu’il allait faire se vengerait sur elle, c’est ce qu’il fît, pour toute la famille Bouteldja, qui sera forcée à l’exil en France.
“Vous êtes tous les enfants de feu Arezki Bouteldja malgré qu’il n’a pas laissé d’héritiers, vous êtes ses dignes héritiers”, lance la vieille femme à l’adresse des collégiens et collégiennes qui se levèrent pour la saluer et saluer la mémoire de ce héros dont personne n’avait parlé.
Essaid N’Ait Kaci
