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Aiden White plaide pour le dialogue entre la presse et le pouvoir

Une rencontre régionale sous le thème « Le journalisme, de la perspective locale à la dimension régionale globale, coopération dans le monde arabe et l’Iran » a été organisée hier au siège de la fondation Friedrich Ebert. Première du genre dans la région d’Afrique du Nord, la rencontre est l’œuvre du Syndicat national des journalistes, le Fédération internationale des journalistes (FIJ) et l’organisme danois International média support. Qualifié d’important par les organisateurs, le séminaire a permis aux participants d’aborder les questions cruciales de la liberté de la presse dans le monde arabe et l’Iran. A cet effet, M. Aiden White, secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes, qui a d’ailleurs volé la vedette par ses interventions, a d’emblée dressé un tableau noir sur la situation socio-professionnelle des journalistes du monde arabe et de l’Iran. « Nos amis et collègues travaillent dans l’insécurité totale dans beaucoup de pays, à l’instar de l’Irak où on enregistré 69 journalistes assassinés durant l’année 2006”, a-t-il déclaré. En effet, l’Irak a enregistre depuis 2001 le nombre le plus élevé du personnels des médias tués dans l’exercice de leurs fonctions. Il dira à ce propos que, durant le prochain congrès qui se déroulera juin prochain à Moscou, il sera question de la mise en place d’un comité de soutien aux familles des journalistes assassinés. « On procédera à la création d’un comité de soutien qui a pour but la prise en charge des familles des journalistes assassinés et écouter leurs doléances », a-t-il indiqué. Dans le même ordre d’idées, l’orateur n’a pas mâché ses mots pour déclarer que les professionnels des médias se trouvent régulièrement devant des situations des plus précaires, où leurs missions sont difficilement accomplies. Pour Aiden White, si ce n’est pas le terrorisme, c’est le pouvoir, avec tous ses appareils (juridiques, politiques et policiers), auxquels la famille de la presse aura affaire. Par ailleurs, l’intervenant a axé son discours sur la nécessité de renforcer le dialogue dans cette région (monde arabe), aussi bien entre les membres des médias, qu’entre la famille journalistique et les autorités de chaque pays. Me Bourayou, un habitué des procès des journalistes, a axé sa plaidoirie sur la dépénalisation du délit de presse. A ce propos, il précisera que le journaliste est considéré dans notre pays, via l’actuel code pénal, comme un délinquant, voire un criminel. « Les pouvoirs publics n’ont pas associé ni consulté les journalistes et leurs syndicats dans l’établissement des lois ». Plus incisif, il dira qu’en Algérie, lorsqu’un journaliste est devant la justice, le juge ne prononcera jamais le véritable verdict, de peur de représailles. Un fait paradoxal selon Bourayou. A propos des lois sur l’information, Me Bourayou, estime que les journalistes algériens exercent constamment sous les menaces de représailles des décideurs, qui n’aiment pas voir, selon lui, une presse véritablement libre. Et pour cause, quelle que soit l’avancée dans l’établissement des lois en faveur de la famille de la presse, le fait de voir l’appareil juridique entre les mains de l’Exécutif en est la preuve. Par ailleurs, le secrétaire général du Syndicat national des journalistes, Kamel Amarni, a quant à lui, affirmé sans ambages que le pouvoir algérien ne veut réellement pas de presse libre. « Le pouvoir algérien veut une presse qui traite tout sauf de politique, celle qui ne touche pas aux anomalies des hauts dirigeants de notre pays ». En somme, la rencontre d’hier, et qui se poursuivra jusqu’à demain, sera l’occasion pour les professionnels des médias de se pencher sur tous les problèmes. Le président-directeur général de la Télévision algérienne, Hamraoui Habib Chawki, est attendu aujourd’hui pour une intervention sur la question de la liberté de la presse dans le monde arabe et l’Iran.

Salah Benreguia

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