Votre attention, M. le ministre !

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Par Mohamed Bessa

Vous arrivez donc en catastrophe au chevet d’un secteur qui a encore plus mal ici qu’ailleurs. Vous craignez que la démonstration des lycéens du chef-lieu de wilaya ne fasse tache d’huile dans une région prompte à chevaucher les vents de la contestation. Gouverner, c’est aussi cela. Bienvenu !Il n’y a pratiquement rien à vous dire que vous ne sachiez déjà. Vous êtes le plus ancien de nos ministres, vous qui faisiez déjà partie du gouvernement Sifi, si je ne m’abuse. Cette longévité remarquable vous fait disposer d’un large background sur le secteur dont vous avez la charge. Nous vous épargnons pour cette fois les impérities générales de notre système d’éducation pour ne parler que du cas précis de la wilaya de Béjaïa qui vit véritablement une crise dans la crise. Dans ce dossier, nous faisons pour vous, et pour tout un chacun qui n’est pas indifférent à la situation de l’éducation, une récapitulation, nécessairement non exhaustive, d’une somme d’échos déjà rapportés dans ces colonnes mêmes, sous une forme ou une autre. Un round-up qui met en perspective les choses et qui les intègre, espérons-le, dans un schéma de compréhension global. Commençons d’abord par l’antienne des paies : la DE de Bgayet se distingue par un dysfonctionnement qui ne va pas sans conséquence sur la qualité du service dispensé aux milliers d’apprenants. Ce serait la faute à l’informatique : depuis qu’on a opté pour un système centralisé, les enseignants ne reçoivent plus leur paie à terme échu. Il se sont donc donnés un mot d’ordre simple : chaque 12 du mois, ils se mettent automatiquement en grève pour réclamer leur dû. Cela devient si répétitif que même le  » journal de proximité  » que nous sommes oublie, le plus souvent, d’en parler. Il serait instructif de demander aux ordinateurs de la DE, à défaut d’affecter correctement les salaires des enseignants, de calculer combien d’heures de cours effectives reçoivent les  » générations montantes  » dont votre secteur a le destin. On saura au moins quelle est sa part de feu dans cet honorable étalonnage établi par le BIT qui vient de calculer que chaque Algérien travaille 39 minutes par jour en moyenne.Vous l’ignorez peut-être mais l’académie passe aussi pour être l’antre d’une crasse corruption. Des scandales à répétition éclatent qui témoignent d’une gestion  » levantine  » et qui ne cessent de rajouter une couche à l’image peu reluisante de cette institution censée gérer le savoir. Comment cela serait-il autrement quand les responsables incriminés sont écartés un moment pour reparaître aux avant-postes quelques temps après ?Les vacataires écartés à la faveur du dernier concours attendent toujours un affichage transparent du barème d’évaluation qui a abouti à retenir des diplômés frais émoulus au détriments de ces « enseignants de transition » auxquels l’Etat doit d’ailleurs toujours de l’argent (par la faute de l’informatique). Ceux de tamazight attendent de leur côté une titularisation sans cesse promise et toujours ajournée. L’affaire du CNAPEST dépasse, nous en convenons, vos compétences ministérielles. Beaucoup ne comprennent pas que votre gouvernement continue à lui dénier, au contraire du mouvement des archs par exemple, un statut d’interlocuteur légal au moment où celui-ci mobilise, au doigt et à l’œil, la majeure partie des enseignants du secondaire. Ceux-ci étaient hier encore en grève en soutien à leurs camarades que vous avez actionnés par devant le tribunal Abane-Ramdane. Etonnez-nous M. le ministre en faisant en sorte que votre visite dépasse le stade des simples embrassades protocolaires pour prendre à bras-le-corps les problèmes d’un secteur qui est vraiment au plus mal.

M. B.

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