Benachenhou avait informé des membres du gouvernement

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Après plus de deux semaines de débats parfois houleux, le tribunal criminel près la cour de Blida a déjà entamé l’audition des directeurs des agences d’El Khalifa Bank à savoir celles d’El Harrach, des Abattoirs et de Blida, et ce, dans le cadre de l’affaire Khalifa dans son volet inhérent à la caisse principale. Des trous financiers importants ont été découverts dans les trois agences en question.

Le tribunal aura, ensuite, à entendre les responsables et les dirigeants qui ont été derrière le placement des fonds des sociétés et organismes publics, privés et des petits épargnants dans les caisses d’El Khalifa Bank. Parmi ces responsables, certains se trouvent inculpés alors que d’autres seront cités en tant que témoins.

Les audiences s’annoncent, d’ores et déjà, riches en rebondissements, lesquels risquent d’éclabousser de nombreux responsables, cités jusque-là en qualité de témoins. Il faut signaler que c’est durant l’année 2001 que les dépôts de fonds dans la banque khalifa avaient pris une courbe ascendante. De nombreux responsables d’entreprises publiques et privées et des caisses d’assurances sociales ont pris la décision ( maladroite ? ) de retirer leur argent du trésor public pour le verser dans la banque Khalifa, laquelle offrait des taux d’intérêts à tout le moins alléchants mais surtout étonnants. C’est la ruée générale vers  » l’Eldorado  » promis par Khalifa. Durant la même année, la banque Khalifa a pu faire un transfert de fonds de l’ordre de 90% au profit de sa filiale Khalifa Airways.

Les transferts continuaient au moment même ou le rapatriement de devises de cette filiale se faisait au compte-gouttes. Saisi par les dix rapports de l’inspection de contrôle présidée par Khemoudj, la commission bancaire s’est contentée de nommer un rapporteur dans un premier pas vers d’autres mesures conservatoires. Autre fait marquant, durant 2002, l’envoi par Ali Touati d’un rapport portant la mention  » confidentiel « ,dans lequel il relevait, sans ambages, une  » fuite de capitaux « .Toujours est-t-il que le rapport en question s’est  » volatilisé  » des tiroirs du ministère des Finances comme l’a laissé sous-entendre Mohamed Terbèche, ex-argentier du pays. Entre-temps, la commission bancaire s’est fourvoyée dans la  » clandestinité « , pendant neuf mois, son mandat ayant expiré le 3 mars 2002 jusqu’à la nomination de nouveaux experts en décembre 2002. Malgré les entorses et les violations flagrantes à la législation sur la loi sur la monnaie et le crédit commises par la banque Khalifa, durant cette même période, les responsables du ministère des Finances et de la commission bancaire n’ont pu prendre les mesures nécessaires en dépit de la clarté de la loi sur la monnaie qui leurs imposait de prendre des mesures conservatoires. L’absence d’agents assermentés pour établir les P-V d’infractions a été également posée comme un prétexte de plus, de trop.

Chacun s’en lave les mains… Pour revenir au placement des fonds dans la banque Khalifa, il faut retenir cette déclaration édifiante du ministre des Finances relative à une circulaire datant de 1984, dans laquelle il est clairement signifié l’obligation aux organismes publics de placer leurs fonds au Trésor public.

La même circulaire a été réaffirmée par M.Benachenhou au niveau du gouvernement, selon Mourad Medelci. La loi de Finances de 2002 en a fait aussi le rappel. A la lumière de cette circulaire, des questions de taille s’imposent de facto, à savoir pourquoi les entreprises et les organismes publiques ont persisté, les yeux bandés malgré l’interdiction, dans le dépôt de leurs fonds jusqu’au début de l’année 2003 ? Pourquoi des injonctions n’ont-elles pas été donnés pour faire cesser  » l’exode des capitaux  » vers la banque de Moumen Khalifa ? Les ministres de l’époque n’étaient-ils pas dans l’obligation de faire respecter et appliquer la circulaire en question ? Répondre à ces interrogations équivaudrait à situer les responsabilités au sein du gouvernement.

Des sommes astronomiques, notamment celles des caisses des assurances sociales, pour ne citer que celles-ci, ont été retiré de l’escarcelle du Trésor et cela ne pouvait pas être inaperçu. Personne ne peut aujourd’hui dire qu’il ne savait pas.

La responsabilité du staff gouvernemental de l’époque est pleinement engagé. Voir des institutions publiques déposer des sommes colossales dans la banque Khalifa malgré l’interdiction formelle contenue dans la circulaire de 1984 et ne pas réagir devant la  » saignée  » qu’avait subi le Trésor public équivaut à une  » permissivité « , sinon une  » complicité  » qui ne dit pas son nom.

Hocine Lamriben

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