Même les malades, oubliés des pouvoirs publics, n’ont pas baissé les bras devant le chômage endémique qui touche de plein fouet une grande partie des citoyens de la région d’Illilten. Une bourgade lointaine située à plus de soixante dix kilomètre au sud-est de Tizi Ouzou. En effet, le nommé O.Aarav, ancien chauffeur de poids lourd, ayant perdu son travail après un accident de la circulation et se retrouvant sans emploi, excepté la maigre allocation allouée au malade mental. Aarav ne lésine pas sur les projets, car il a eu la superbe idée de faire de l’écologie son gagne-pain. Après quelques mois de travail bénévole en aidant les différents commerçants du chef- lieu de sa commune dans tous les travaux de nettoyage, il a fini par acquérir ce métier. « Aucun déchet ménager ni aucun papier ne circulera après le passage de Aarav » nous confie Yuva, un commerçant du coin.
Aarav n’a pas les grands moyens, vu la grandeur des services qu’il rend aux citoyens. Il est équipé d’un chariot et d’une palette, mais il a indubitablement un grand sens de la débrouillardise. A cet effet, il passe toutes les journées de l’année à faire des va-et-vient entre les commerces, les chaussées délabrées du chef lieu et la petite décharge publique dont la commune dispose.
« Chez nous, on l’appelle Monsieur Propre », nous dit Ali, un autre commerçant.
Très fier du travail d’intérêt général qu’il réalise, ce passionné de la propreté publique voit les choses claires et ça marche pour lui, « j’arrive quand même à subvenir à mes besoins en cigarettes et même en autres denrées », nous confie-t-il, tout en déclarant en outre que son « travail n’est pas vraiment destiné à ramasser ou à glaner des profits en argent auprès des commerçants », mais il ajoute, qu’il est «destiné beaucoup plus à faire passer le temps et ne pas déambuler pendant les longues journées et être en proie aux assauts et a tous les afflictions de la paresse ». Pour Madjid, propriétaire d’un salon de coiffure où Aarav venait régulièrement se laver après avoir accompli son digne boulot, « s’il s’absente, nous aurons beaucoup de difficultés en matière de salubrité et d’hygiène », martèle t-il. Même si le travail d’Aarav est du ressort des fonctionnaires de la commune, toutes les tentatives entreprises par Aarav pour bénéficier d’un statut de fonctionnaire, même du filet social, sont restées lettres mortes, nous confie un citoyen de la commune qui compte lancer une pétition auprès des citoyens de la commune dans le but d’exiger des responsables locaux une reconnaissance du travail d’intérêt général qu’il assure quotidiennement.
M. Mouloudj
