La Dépêche de Kabylie : Vous êtes à Tizi Ouzou pour la troisième fois afin de dédicacer vos ouvrages. Quel est l’objectif de ces sorties sur le terrain ?
l Hamid Grine :
L’objectif est d’établir le contact avec mon lectorat. C’est vrai que les lecteurs n’ont pas à apprécier l’auteur car le plus important ce sont ses livres. D’autres personnes du monde du show-biz apprécient d’abord l’auteur avant de passer à l’œuvre. Mes rencontres avec les lecteurs dégagent un haut degré de sincérité. Ce sont des rencontres très fécondes aussi bien pour l’auteur que pour le lecteur. Je suis très touché par les propos de mes lecteurs à chaque vente-dédicace. L’existence des lecteurs justifie en partie l’écriture de tout romancier. J’accorde une grande importance à l’impact de mes livres sur le lectorat.
Vous avez organisé des ventes-dédicaces dans plusieurs régions du pays. Avez-vous affaire au même lectorat ?
l Il y a des régions plus arabophones que d’autres. Mais même dans les régions arabophones où je suis passé, j’ai rencontré beaucoup de personnes qui m’ont lu. Le lecteur ne peut pas se tromper sur la sincérité de l’auteur. Un livre est bien écrit ou mal écrit, abstraction faite de l’auteur.
C’est le journalisme qui vous a mené à l’écriture romancée ?
l J’ai publié onze livres après avoir exercé dans le journalisme.
Ce qui m’a conduit à l’écriture, c’est donc bien le journalisme. Mais l’exercice quotidien du métier de journaliste empêche de s’adonner à l’“autre” écriture. Quand tu écris chaque jour un article, il t’est difficile de trouver le temps pour écrire autre chose. En Europe, le journaliste a plus de temps libre car il est sur un reportage pendant plusieurs jours, ce qui lui permet d’écrire des livres. Il y a aussi une deuxième contrainte en Algérie : il n’est pas facile de se faire éditer. En revanche, plusieurs journalistes algériens ont du talent et peuvent se livrer à l’écriture romanesque pour peu qu’ils aient le temps de le faire. Me concernant, je me considère toujours comme journaliste, le journaliste étant l’écrivain de l’instant.
On dit souvent que l’écriture journalistique est très différente de l’écriture romancée : vous ne semblez pas d’accord avec cette thèse…
l C’est faux ! Si tu es un bon journaliste, tu peux devenir un bon écrivain. La seule différence est que dans le roman, il s’agit de fiction.
François Mauriac a été considéré à son époque comme un très grand journaliste ; il est un grand écrivain aussi. C’est le cas d’Albert Camus qui, avant de devenir Nobel de littérature, était un immense journaliste. Il avait un style incisif avec des phrases courtes, donc on voit bien qu’il n’y a pas incompatibilité.
Quels sont vos écrivains préférés ?
l J’ai une préférence pour les auteurs qui possèdent une écriture limpide et claire, les grands stylistes. En dehors de Céline, j’aime Henri de Montherlant et André Gide.
Entretien réalisé par Aomar Mohellebi