Comment êtes-vous venu au monde de l’audiovisuel ?
ll Depuis mon plus jeune âge je m’intéresse à tout ce qui est culturel. A douze ans j’ai joué dans une pièce théâtrale de feu Tahar Oudjeddi. C’était peut être ce qui me catapulta, prématurément, dans la création artistique. Avec le temps, je ne pouvais guère me passer des activités artistiques. Ce n’était, bien sûr, qu’un apprentissage mais c’était très bénéfique pour moi, idem pour mes camarades qui feront un bout de chemin avec moi. En 1992, j’ai écris mon premier sketch intitulé Ibeddel zman a yamhgar; Le temps a changé mon vieux ! Ce travail sera mis en images par Khellaf Brazane.
L’écho qu’a pu avoir cette modeste réalisation auprès du public (à travers des projections en Kabylie) me motive davantage et me pousse à aller des l’avant. En effet, quelques années après cet exploit, c’est-à-dire en 1997 j’ai réalisé mon premier clip avec le chanteur Moussa Karbache. Puis, viendront d’autres travaux avec certains artistes de ma région et d’ailleurs à l’instar de Idir Akfadou et Moh Meziane. Je n’ais fais aucune formation dans le domaine de l’audiovisuel mais ma volonté a eu raison de la complexité du monde de l’image comme vous aimez à le dire (rires).
Parler-nous de la naissance d’Akfadou Images…
ll Après un long travail amateur j’ai décidé de me professionnaliser. En l’an 2000, Akfadou Images voit le jour. Avec très peu de moyens on a fait monter la boite. Et depuis un modeste parcours est en marche. Avec des jeunes infatigables tels que Yifiten Kacimi et le célèbre journaliste Kamel Zirem, on a fait beaucoup d’émissions et reportages. Les téléspectateurs de BRTV suivent nos travaux artistiques à travers l’émission Tirza Ghurwen, Virée chez vous.
Quels sont les problèmes qui entravent votre travail ?
ll Vous le dites si bien : des entraves, d’incommensurables entraves. D’abord nous travaillons avec un minimum de moyens. L’audiovisuelle et le cinéma sont, à mon avis, les secteurs artistiques les plus coûteux. Une caméra professionnelle coûte environ 100 millions de centimes. En outre, il y a toute une équipe qui travaille avec moi et nous sommes tous des bénévoles. On ne touche pas de salaire pour ce qu’on fait même si nous fournissons un effort considérable et dépensons de grandes sommes d’argent. C’est bien de créer mais l’artiste ne peut pas vivre d’art et d’eau fraîche. Nous ne recevons aucune aide. Des autorités qui doivent subventionner la création artistique. En Kabylie et ailleurs dans toute l’Algérie la culture ne semble pas être leur préoccupation majeure. De l’argent, il y en a, mais pas pour promouvoir tamazight et l’art en général. Dans les pays qui se respectent, des sommes colossales sont déboursées dans ce sens. Chez nous il faut attendre, toujours attendre, peut-être…
Pensez-vous tenter l’aventure de la création cinématographique ?
ll Je ne sais pas déjà si on peut parler de cinéma en Algérie. Qu’elle est la place réservée pour un jeune réalisateur ? Notre condition est vraiment lamentable. Nous voulons bien créer et donner au public algérien ce dont il a été privé depuis toujours. Cependant, tant qu’il n’ y aura pas de bonne volonté à changer les choses le laisser-aller demeurera. Quel est le nombre de films qui sort annuellement chez nous ? Très peu. Nos salles de cinéma sont des salles fantômes. Le jour où la création cinématographique sera prise en charge par les autorités et par tous ceux qui peuvent apporter leur aide de près ou de loin nous serons-là pour réaliser et faire le montage des films. Pour le moment ce n’est qu’un très lointain rêve pour moi.
Vous êtes aussi un poète. Que représente pour vous la poésie ?
ll La poésie pour moi est un espace fertile à toutes les errances. C’est le genre littéraire qui nous permet d’exprimer les sentiments et les idées les plus complexes. Toutefois, c’est très dur d’écrire dans un pays où lire représente peu de choses pour une grande partie de la population. Je pense que lorsqu’on écrit, il faut avoir des lecteurs parmi les siens.
Quels sont vos projets artistiques ?
ll Nous allons mettre au grand jour plusieurs travaux artistiques. Surtout des reportages. Et probablement des films— documentaires sur des personnalités connues. J’aime rapporter la réalité vécue sans avoir recours à la fiction. L’image est la meilleure expression artistique. Elle ne triche pas, c’est un véritable miroir. Bien d’autres projets seront réalisés, surtout si nous trouvons des femmes et des hommes de bonne volonté qui nous aideront dans la concrétisation de nos rêves artistiques.
Entretien réalisé par Yasmine Chérifi