Lynda Koudache primée

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L’Algérie s’st vue attribuée le prix d’encouragement décerné à la poétesse et romancière, Lynda Koudache originaire de la wilaya de Tizi Ouzou, dont le texte de sa nouvelle figurera dans le recueil de nouvelles que le FFM de Marseille édite annuellement.

Un prix qui vient donc de consacrer, pour la première fois en Europe, une œuvre littéraire en langue amazighe.

L’œuvre a été primée pour l’originalité de son histoire racontée dans un style assez remarquable. La trame du récit nous emmène dans les tréfonds d’une famille de Kabylie où la fille, Kahina, nous raconte les vicissitudes et drames d’une société qui refuse de «cohabiter» avec la femme. Un être traité tel un sous-produit. Elle raconte comment les courants des ères n’ont pu faire évoluer les comportements tendant à associer la femme en tant que partenaire incontournable dans le giron sociétal.

Ce cas offre l’exemple même d’une famille déchirée par la violence conjugale dont l’avenir des enfants est suspendu à la seule témérité de la maman.

En somme, c’est un coup de projecteur, sans flamber les us, que Lynda Koudache a tenté d’orienter sur une réalité sociale : l’échec des mariages arrangés.

Kahina, personnage au centre d’un drame familial, narre sa vie. Une vie associée aux malheurs de sa mère et de son petit frère Ali, même si ce dernier ne paraît pas trop dans le texte, et tant son rôle est loin d’être déterminant pour mieux refléter ce que seules les femmes peuvent ressentir. Ce n’est certainement pas par plaisir d’exclure le mâle de la petite famille de la trame, mais qui mieux qu’une fille peut toucher à ce qu’une femme ressent, se défend l’auteur.

“Anagi n tudert”, nous restitue le vécu d’une femme violentée et malmenée par son époux car ne pouvant plus supporter de partager ses jours avec une épouse imposée.

Le divorce est là. Il s’est prescrit comme l’était le mariage. La femme ou la maman de Kahina s’est retrouvée sans toit. Elle erre d’une maison à une autre, d’une famille d’accueil à une autre jusqu’à ce qu’elle frappe à la porte d’une autre femme au destin presque commun.

C’était la porte d’une femme non-voyante qui elle aussi n’a pas de famille. Une dame vivant aux dépens des villageois. Peut-être est-ce là un flash sur un aspect humaniste de la société à l’égard des faibles ! L’auteur, bien qu’essayant de zoomer sur les inégalités familiales, tient également à montrer combien la femme est un sujet au bas de toutes les échelles.

Notons que la personne en tant qu’individu est violemment enrobé dans des épreuves à couper le souffle et que la charité est l’œuvre d’un ensemble social dans lequel s’associe un ou plusieurs groupes réunis par la nécessité d’entraide.

Une caractéristique qui tire ses origines depuis la nuit des temps, depuis, peut-être, l’apparition de l’homme. Elle s’est installée comme par instinct dans l’ego social, sauf que celui-ci se dissout lorsque l’individu ausculte sa face.

Pur produit des sociétés inégalitaires, l’image de la femme accueillante est passée à l’arrière-plan, une personne ne vivant que de la charité, donc réduite par là-même à un rôle moins important que celui de l’homme !

Bref, pour l’auteur, cette bonne dame est comme une bouée de sauvetage pour cette autre dame pas mieux lotie qu’elle. Pour Kahina, le destin de leur hôte n’est pas tout à fait différent de celui de sa maman : c’est une femme qui a connu, elle aussi, les affres de la déchirure familiale. Elle a été mise dehors par ses enfants et ses belles-filles. Voila donc pour Lynda Koudache, ces deux drames qui se croisent pour former un couple s’appuyant l’un à l’autre sur l’épaule.

«La petite maison nous a parue grande comme fut le cœur de Nna Ouardia», raconte encore Kahina au sujet de leur bienfaitrice.

Sous le toit de Nna Ouardia, devenue donc la marraine de la petite famille de Kahina, se réunissent désormais deux drames qui se sont greffés au destin commun de deux femmes orphelines, misérables et exclues. Et voilà la marraine transformée, par ailleurs, en un miroir de la vie de la maman de la narratrice ! Elle y voit comment le temps s’est transformé en un témoin de la vie.

“Le temps est le témoin éternel

Quel que fut ton vécu,

Tu t’en souviendras, fut-il bon ou mauvais,

Il te tiendra compagnie même dans ta tombe»

Pour le personnage central, la maman de Kahina en l’occurrence, seuls l’honneur et le courage resteront son espoir.

Lynda Koudache n’a pas omis de dédier son œuvre à la mémoire de deux femmes : Fatma At-Mansour et Hammama Amrous, tambourineuse, poétesse et chanteuse des At-Boumahdi.

M.A.T

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