l “Mon grand père paternel me racontait souvent par bribes, l’épopée de la Kahina. Cette femme qui chevauchait à la tête de ses armées, les cheveux couleur de miel lui coulant jusqu’aux reins, vêtue d’une tenue rouge — enfant, je l’imaginais ainsi — d’une grande beauté disent les historiens. Devineresse, cette passionara berbère tint en échec les troupes du général arabe Hassan”. C’est par ces paroles que Gisèle Halimi avoue toute sa fascination pour le personnage mythique de la Kahina.
L’ouvrage de 260 pages édité en 2006 chez Plon, se veut selon les termes de l’auteur, “une clôture du récit autobiographique”, initié par ses écrits précédents tels que La cause des femmes, et prolongé par Le lait des Orangers, paru en 1988.
Dans La Kahina, Halimi redonne vie à cette héroïne berbère des Aurès du VIIe siècle. C’est le récit d’une tragédie romanesque où elle retrace son épopée et décrit ses sentiments contradictoires, partagés entre son amour pour Khaled, le neveu de son ennemi, le général Hassan, et son ardent désir de victoire.
Née Zeira Elise Tayeb en 1927 en Tunisie, Gisèle Halimi, avocate de profession et militante de la cause féminine, a fait ses premiers pas en 1949 au barreau de Tunis avant d’atterrir dans celui de Paris en 1956.
Connue aussi bien dans l’exercice de sa profession en défendant dans plusieurs procès des femmes victimes de viol, que dans le mouvement associatif ou politique (elle a été élue députée à l’Assemblée nationale de 81 à 84), Gisèle Halimi a aussi beaucoup milité aux côtés de son ami Jean-Paul Sartre pour l’indépendance de l’Algérie.
Nacer Maouche
