Le FLN fait le procès des journaux

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Les réflexes du parti unique n’ont visiblement pas disparu des pratiques du parti du Front de Libération Nationale. C’est du moins ce que les journalistes présents hier au Centre International de presse (CIP) ont constaté, en assistant, impuissants, à une série de plaidoiries contre la presse écrite. Cela s’est passé lors d’une journée organisée par ce parti sur la liberté de la presse lors de la journée mondiale consacrée à ce sujet. Une pléiade de « docteurs » en communication et des responsables politiques ont prêché leur « vision » de l’expérience de la presse algérienne depuis l’avènement du multipartisme à ce jour. Hormis le brillant exposé de notre confrère et néanmoins ancien directeur de la télévision nationale, Abdou Benziane (Abdou B), qui a parlé de la place de l’unique chaîne de télévision dans l’exercice démocratique en Algérie, la majorité des interventions se sont avérées comme un procès sans appel contre les journaux privés. On a assisté beaucoup plus à des pseudo-leçons de déontologie qu’à des exposés académiques ou des réflexions sur l’exercice de la profession journalistique dans notre pays. Il faut cependant distinguer de cette inquisition les propos plutôt confus mais tout de même rassurants du secrétaire général du FLN qui a parlé des « bienfaits de la liberté de la presse ». Sinon, le reste des interventions était basé sur ce qu’on appelait durant les années 1970 et 1980 « la presse responsable » ou autre « démocratie responsable ». L’épisode qui a irrité certains journalistes présents est celui de la présentation d’un documentaire monté par l’ENTV qui retrace l’itinéraire de la presse dans notre pays, notamment durant la décennie noire du terrorisme intégriste. Durant les sept minutes du reportage, la présentatrice a visiblement fait mine de ne pas citer les journalistes morts pour la sauvegarde de la République. Elle s’est limitée à faire parler un imprimeur et un autre « professeur » qui ont conclu que les publications indépendantes « sont plutôt des entreprises qui trouvent du mal à se faire distribuer ». Pire, selon ces intervenants, certains journaux se sont substitués « aux partis politiques qui n’arrivent pas à créer leurs journaux ». En clair, ces spécialistes, dont l’ancien ministre de la communication, Boudjema Haichour, ont abordé la presse sans toucher là où le bat blesse, c’est-à-dire la nécessaire ouverture du champs audio-visuel au secteur privé au tout au moins l’impartialité de l’ENTV qui est devenue  » juge et partie », pour reprendre Abdou B.

Ali Boukhlef

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