La classe politique est plus que jamais interpellée pour réagir à cette flambée de violence, qui va de la simple délinquance au crime organisé en bouclant la boucle par des actes terroristes à la voiture piégée. Il est à s’intérroger sur la logistique usitée, mais surtout la synchronisation des opérations, car de Si-Mustapha à Boubhir en passant par Mekla, les engins ont explosé à la même heure, voire la même minute. La conclusion première à tirer est que les terroristes disposent toujours de capacités de nuisance et peuvent frapper et tuer à tout va et à tout moment.
De plus, cette facilité d’intervention sur une étendue de plus de 150km renseigne sur le caractère organisé de l’opération meurtrière. Plus que cela, le choix de la région n’est guère innocent. Endeuiller de nouveau une région qui n’a déjà donné que trop de martyrs, c’est la pousser dans ses derniers retranchements pour l’enflammer. A quelques mois d’un rendez-vous électoral important, les élections législatives, et en plein apogée de la tenue d’un procés des plus historiques de l’Algérie indépendante, l’affaire Khalifa, les intérêts se tissent et se démêlent jusqu’à juger de l’utilité de la mort d’hommes pour s’imposer et empêcher toute avancée des forces démocratiques et de progrès. Maintes fois, la sonnette d’alarme a été tirée dans les colonnes de notre canard sur l’érosion effrénée des conditions sécuritaires et la baisse quasi irresponsable de la vigilance, des axes politiques et des voix se targuent d’un discours complaisant de la situation car seul le citoyen des bourgades isolées et retirées ressent la précarité tous azimuts à laquelle il fait face.Les acteurs politiques de la région, surtout le RCD et le FFS, se sont vus totalement tétanisés depuis des années et le silence n’a été que leurs modes d’emploi, s’occupant beaucoup plus des crises internes qui les secouent.
Les petites lâchetés enregistrées par-ci par-là ont bel et bien préparé le lit à la grande trahison des idéaux auxquels croyaient d’innocents citoyens.
La dernière résolution du congrès du RCD, qui a fini par se réformer même dans la sémantique politique, a vu ce parti se rapprocher du FFS et des partis combattus il y a de cela des années, donne à réfléchir sur le prix à payer pour des strapontins de pouvoir en s’éloignant le plus possible des préoccupations citoyennes, au premier chef la sécurité et la vigilance. Ce qui vient de se passer en Kabylie, hier à 4h30 du matin, annonce la couleur d’une finale qui n’est jamais finie. La violence et le terrorisme sont l’expression d’une demarche et projet politiques, qui se mettent en branle à quelques encablures des législatives car durant presque quatre mois, depuis l’assassinat de Rabah Aïssat ex-P/APW de Tizi Ouzou, il ne s’est passé aucun acte terroriste, hormis des faux barrages et rackets. En tous les cas, la Kabylie est encore une fois placée en ligne de mire par des forces du mal et que le silence de la classe politique locale place ses acteurs dans une tacite complicité.
On se rappelle de la région seulement en période de vote, avec des discours d’un Machiavel de retour, alors que des discours d’une politique de sécurité est plus que d’actualité, nonobstant les nostalgiques des politiques du pire que la population de la région ne reconnaît plus.
Khaled Zahem
