Au service des urgences chirurgicales et à la morgue du CHU Nédir-Mohamed de Tizi Ouzou, les personnes présentes sur les lieux étaient accablées. Au niveau de la morgue, une vingtaine de personnes, des policiers et des proches des victimes attendaient de pouvoir y entrer. Les deux victimes de l’attentat de Mekla s’y trouvaient encore au moment de notre arrivée à midi.
Un des policiers tué était originaire de Souk Ahras tandis que le deuxième était de la région de Béni Douala. Il s’appelait Smaïl Hessas et était âgé de 38 ans. Ses proches étaient sous le choc. Une des personnes présentes a rapporté les moments douloureux vécus en annonçant la tragique nouvelle à la famille. Un autre proche de la victime qui venait de sortir de la morgue. “J’ai eu énormément de mal à le reconnaître. Son corps a été déchiqueté”. Trois autres personnes parlaient des préparatifs de l’enterrement. “On ne peut pas l’emmener dans sa maison, il y a pas suffisamment d’espace, j’ai proposé que le corps soit exposé dans une classe de l’école primaire”, dit l’un d’eux. Un instant plus tard, un policier sort de la salle, la mine complètement défaite. Après les salutations il dit “ce sont mes collègues, je les connaissais”, avant de se diriger vers un véhicule de service. Les proches et amis des deux victimes continuaient d’affluer sans interruption vers la morgue. Personne n’arrivait à admettre le drame qui venait de les endeuiller. Un vieux, présent sur les lieux, ne cessait de répéter “courage, courage, courage”.
Devant les urgences chirurgicales, trois fourgons de police étaient stationnées avec la présence de plusieurs policiers en civil. A l’intérieur, des soins continuaient à être prodigués aux derniers blessés, en présence des membres de leurs familles et de leurs collègues dont la journée s’est vite transformée en cauchemar.
Lounès Tigmi
