Ségo et son égo

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l La candidate socialiste prend eau de toutes parts, mais cela n’affecte en rien son optimisme. Ségolène Royal n’a apparemment aucune raison de tempérer ses ardeurs optimistes pour « si peu », elle qui doit, ou croit devoir son ascension à son seul look, physique, mais aussi politique s’entend. Après « la bravitude » que Jacques Lang a désespérément tenté de transformer en génial et historique barbarisme de la même dimension que la sublime « négritude » de Léopold Sédar Senghor, la bourde libanaise où elle a rencontré un responsable du Hezbollah et le piège québécois de l’humoriste Gerald Dahan, la pasionaria du PS a « entamé » une série de crasses internes qui, au rythme où elle va, ne donne pas l’impression de pouvoir s’arrêter. Crotte sur le gâteau, c’est son compagnon dans la vie et néanmoins patron du PS qui a glissé le premier grain de sable dans les rouages de sa machine électorale. En développant ses propres thèses sur la fiscalité qui ne sont pas celles de la candidate, François Hollande a fait des vagues au point de faire réagir le porte-parole de Mme Royal qui a laissé tout le monde pantois : « Le seul défaut de Ségolène, c’est son compagnon ! », a lâché sans coup férir le sémillant Arnaud Montebourg, ce qui lui a valu un « carton jaune » d’un mois, sanction inédite dans les annales politiques. Mais le carton a été brandi surtout pour l’exemple, puisque Ségolène Royal n’est pas loin de penser la même chose. En demandant dans la foulée une étude sur la fiscalité au spécialiste maison Dominique Strauss Kahn d’abord, en ne faisant rien pour démentir ce qui se dit sur le couple socialiste qui battrait de l’aile, ensuite. Dernier coup dur pour la candidate socialiste, son conseiller budgétaire Eric Besson vient tout bonnement de remettre le tablier et quitter le navire d’une campagne en pleine zone de turbulences. Expliquant sa démission, Eric Besson reproche à Ségolène Royal et à son staff de ne pas orienter suffisamment la campagne sur les questions économiques. Cela fait d’autant plus mal que cet argumentaire rejoint le gros des reproches faits à Ségolène Royal, à savoir de manquer terriblement de propositions. Bien entendu, la candidate ne fait pas cas de cette autre infidélité, en lançant à la cantonade alors qu’elle visitait une usine : « Qui connaît Eric Besson ? ». Accueilli en méga-star dans l’île de la Réunion, Nicolas Sarkozy n’en finit pas de ratisser large. Après avoir convaincu ou poussé à la résignation ses adversaires les plus farouches au sein de l’UMP, le voilà submergé de partout des soutiens les plus inattendus. Fait majeur de cette visite dans ce département d’outre-mer de part sa symbolique, Henry Verges, figure de proue du communisme réunionnais, l’a reçu avec énormément de sympathie et c’est sous un bananier que le candidat de la droite a lancé ce sarcasme à sa rivale de gauche : « Quand on veut rassembler les Français, il faut au moins être capable de rassembler sa propre famille ». Face à autant de faits qui érodent chaque jour un peu plus la maison socialiste, les propos de Jacques Lang, « une campagne électorale, ce n’est pas ces petites broutilles, mais un programme et des propositions », paraissent dérisoires. Surtout que beaucoup de monde pense précisément que jusque-là, Ségolène Royal s’est distinguée par plus de « petites broutilles » que par « un programme et des propositions ».

Slimane Laouari

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