Site icon La Dépêche de Kabylie

Une opération très préjudiciable à l’olivier

Au terme de la campagne oléicole, assez modeste cette année sur le plan de la production, il y a lieu de signaler la nocivité d’une tradition de récolte pourtant très usitée depuis des lustres. En montagne surtout, à cause de la taille très élevée des arbres, les paysans font tomber les olives en battant les branches avec un long bâton se terminant par une sorte de crochet anguleux (pour la suspension pendant les haltes). La gaule ou amkhthaf fait d’ailleurs partie des outils traditionnels de l’oléiculteur. Cette opération occasionne à l’arbre des dégâts très visibles. Il faut savoir que les fruits de l’olivier sont produits par les bourgeons ayant poussé sur le bois formé l’année précédente. Au moment du gaulage, en hiver, les pousses de l’année précédente sont soumises aux coups du batteur. Le paysan, en détruisant peu ou prou ces pousses, “se prive”, à son corps défendant, de la prochaine récolte. Beaucoup d’agriculteurs se posent cette question : “Pourquoi une bonne récolte est-elle généralement suivie d’une mauvaise ?”. Justement, l’une des principales causes, en dehors d’un accident végétatif causé par une canicule prolongée ou par la pauvreté du sol, par exemple, réside dans cette méthode de récolte traumatisante sur le plan végétatif. Une mauvaise année, sur le plan de la production, est par contre suivie d’une bonne saison parce que n’étant pas soumises au gaulage les pousses de l’année arrivent à mener à terme leur production pour la prochaine saison.

Y a-t-il une solution pour nos oliveraies de montagne ? Exposés à tous les vents et atteignant des dimensions vertigineuses, nos arbres empêchent une cueillette manuelle. De plus, cet état de fait occasionne chaque année des chutes souvent mortelles. Il serait donc sage de ramener les arbres à des tailles permettant de cueillir à partir du sol ou sur un escabeau. L’emprise du système racinaire s’adaptant naturellement à l’envergure de la partie aérienne, des arbres de moindre taille peuvent supporter des densités de plantation plus élevées. L’agriculteur gagne donc en surface ce qu’il perd en hauteur.

La taille de régénération, reconduite au même niveau de soutien dans la FNDIA à raison de 1 500 DA l’arbre taillé, est intéressante sur ce plan. Ramenant l’arbre au niveau des charpentiers, l’oléiculteur peut ensuite lui imposer à l’aide de tailles régulières des dimensions compatibles avec une récolte plus aisée et moins traumatisante pour l’arbre, et l’olivier ne sera donc plus puni d’avoir beaucoup produit.

M. A.

Quitter la version mobile