l Béjaïa aura vécu, hier matin, une péripétie particulièrement enfiévrée : un jeune homme, récemment libéré de prison, est arrivé sur le toit de la mairie pour menacer de se suicider. Le corps labouré de sillons profonds creusés par les débris des ampoules électriques qu’il arrache de la guirlande qui orne le toit du siège de l’ancienne mairie de Béjaïa, le torse nu, rouge de sang, impressionnant, le pantalon qu’il descend de temps à autre, en guise de provocation, maculé de sang, un homme d’une quarantaine d’années, qui crie à tue-tête “Je demande mes droits”, a menacé hier, vers 10 h 30, devant la foule qui s’était massée sur la chaussée, de se jeter dans le vide. A plusieurs reprises, il dévisse, ou plutôt dans sa rage de faire vite, il arrache les ampoules électriques qui se trouvent à portée de sa maison, les casse sur le front et se sillonne le corps avec la partie tranchante qui reste attachée au culot. A l’aide des mains, il recueille le sang et l’étale sur son visage. Aux pompiers qui tentaient de déployer un matelas pneumatique pour le sauver au cas où il mettrait sa menace à exécution, il lance : “Rentrez chez vous, c’est vous qui êtes fous, moi je demande mes droits”. A la foule, il explique qu’après avoir fait 14 ans de prison pour vol qualifié et trafic, il se retrouve démuni de tout, sans travail et sans aucune couverture sociale. Quelqu’un de ses proches essaye de le raisonner. ll semble lui faire quelque peu confiance puisqu’il le laisse, tout en prenant une certaine distance, monter sur la terrasse. Lorsque le maire arrive et demande au désespéré de descendre du toit pour discuter, la personne qui rejoint ce dernier sur la terrasse signale alors que pour qu’il accepte de descendre, il faut commencer par éloigner des lieux les policiers et les pompiers. Et ce n’est qu’une fois que toutes les voitures officielles sont éloignées que ce suicidaire accepte de descendre et de se laisser conduire au bureau du maire. Selon des informations recueillies auprès des employés de la mairie ou des élus, le désespéré, qui a déjà tenté par le passé de se jeter du même toit, a été déjà raisonné par le P/APC. Les revendications seraient d’ordres sociales : l’octroi du gardiennage de parking de Boulimat, selon certains, l’aménagement et l’ameublement de sa maison selon d’autres.
B. Mouhoub