Les travailleuses et travailleurs, les syndicalistes UGTA de tout le pays en général et de la Kabylie en particulier célèbrent en ce samedi 24 février 2007 le 51e anniversaire de la création de leur organisation mais aussi le recouvrement total de l’indépendance de l’Algérie avec la nationalisation des hydrocarbures.
Comme à ses débuts sous l’impulsion de feu le chahid Aïssat Idir, l’UGTA a été de tout temps une organisation et un cadre de lutte. D’abord pour la souveraineté nationale, ensuite pour la lutte des classes défavorisées et enfin pour le monde du travail.
En ces moments forts de souvenirs et de fidélité réitérés à la mémoire de Aïssat Idir et ses compagnons de lutte, ses successeurs qui ont gardé la flamme du combat vive que sont Abdelhak Benhamouda et tous les syndicalistes tombés au champ d’honneur sous les balles assassines de l’abject terrorisme nous ne pouvons que nous incliner devant leur sacrifice pour avoir eu à braver ces balles en faisant don de leurs vies au service de la République, de la liberté, de la démocratie, de la justice sociale et pour que vive l’Algérie au même titre que ceux qui l’avaient fait avant eux pour libérer le pays du joug du colonialisme. Comme nous nous faisons un devoir de nous incliner à la mémoire des héros de cette wilaya qui a toujours été au devant de toutes les luttes tant révolutionnaires que syndicales avec ses meilleurs enfants que sont Abane, Amirouche, Didouche, Krim, Mellah, Ouamrane, Mohand-Oulhadj, Aïssat-Idir et tous ces martyrs qui, aujourd’hui, restent les symboles de ces luttes.
Des luttes qui ne devaient en principe pas être vaines mais force est de constater avec amertume que le contexte actuel dans lequel nous célébrons ce double anniversaire se caractérise par la remise en cause des acquis du peuple algérien et le bradage de ses richesses à travers une politique ultra-libérale dangereuse du pouvoir qui se caractérise par l’absence de perspectives, de visibilité et de programme économique clair. La privatisation des entreprises publiques dans l’opacité totale et sans consultation du partenaire social n’a pas manqué de frustrer les travailleurs et d’entraîner la fragilisation du système de protection sociale accentuant encore plus leur précarité.
Cette situation économique telle que dictée par les institutions financières internationales a engendré de nombreux conflits au niveau de notre wilaya et où nous constations le mutisme révélateur, le mépris et l’indifférence des pouvoirs en place par l’orchestration d’une désinformation outrancière et la remise en cause du libre exercice du droit syndical durement arraché en toute légitimité et légalité.
Notre wilaya à l’instar des autres régions du pays est vidée de toutes ses potentialité et de tout ce qui peut constituer l’espoir d’une relance économique. Elle continue à subir les affres d’une politique désastreuse encouragée et alimentée par un laisser-aller, des pouvoirs centraux, caractérisé par un taux de chômage alarmant qui dépasse les 30 %, constitué de travailleurs compressés, mais aussi d’une frange de jeunes, qui arrivent sur le marché de l’emploi, privé de l’espoir et de perspectives, humiliés, traumatisés, exclus, désœuvrés désespérés. A tout cela s’ajoute une insécurité ambiante qui freine et décourage toute initiative d’investissement à même de relancer l’économie de la région.
Le taux effarant du chômage qui sévit dans notre wilaya ne peut être travesti et occulté par des palliatifs artificiels loin de refléter la réalité que l’on distille de manière outrancière pour justifier l’injustifiable et se délecter des chiffres gérés par des institutions en préconisant une soi-disant politique d’emplois et de réinsertion (filet social, pré-emploi, ESIL, emploi de jeune, CNAC…) qui se traduit par des mécanismes aux conséquences dévastatrices tendant à réhabiliter en toute légalité l’exploitation, l’esclavagisme et à légaliser les formes de sélections abjectes, immorales et incompatibles avec la culture et les valeurs qui sont les nôtres.
Notre région par ses caractéristiques de relief géographique et ses potentialités humaines nécessite une attention particulière dans le domaine de la relance économique. Une relance qui portera sur le désenclavement de tous les espaces utiles à un investissement générateur d’emplois, la mise à niveau des entreprises existantes, la prise en charge effective des zones d’activité, le développement des zones d’extension touristique (mer et montagne), le développement de l’agriculture de montagne, la relance des petits métiers et de l’artisanat et l’urgence de voir le port d’Azeffoun retrouver sa vocation première par la construction d’une voie ferrée qui lui permettra un développement conséquent.
Une relance qui doit se réaliser et se concrétiser impérativement avec la participation de tous les acteurs socio-économiques et politiques. Et ce avec une volonté politique de l’Etat basée sur l’instauration d’une justice sociale et d’une relance économique créatrice d’emplois et génératrice de richesses garante d’un avenir meilleur pour toutes les générations actuelles et futures.
Et ce, pour bannir à jamais les solutions de circonstances en mettant un terme aux spéculateurs, aux montages fictifs, aux promesses incertaines et aux scénarios virtuels.
Les fléaux sociaux, la pauvreté, le chômage auxquels ont patiemment résisté nos citoyens dans un environnement de désespoir démontre de l’urgence à concrétiser dans l’efficacité et la transparence cette relance qui sera porteuse de la stabilité de la région. Une région qui ne se suffit pas de discours creux annonçant l’octroi d’enveloppes financières conséquentes sans que ces dernières ne soient réellement utilisées à l’endroit des besoins de cette région et de ses travailleurs.
Des travailleurs qui attendent, par ailleurs, beaucoup de leur centrale syndicale dont les acquis reconnus en matière d’augmentation des salaires demeurent en deçà de leur espoir pour l’amélioration de leur pouvoir d’achat qui se traduira dans les faits par l’abrogation définitive, pure et simple de l’article 87 bis.
D’autant qu’aujourd’hui le pays regorge d’entrées en devises conséquentes à même de permettre à l’Etat une distribution équitable de toutes les richesses jusque-là dilapidées comme en témoigne cette honteuse affaire de Khalifa bank dans laquelle les travailleurs et leur organisation syndicale n’ont aucune responsabilité ou impliquation.
Enfin l’Union de wilaya de Tizi-Ouzou demeure et restera avec une oreille attentive à l’écoute de toutes les préoccupations des travailleurs qui doivent maintenir leur mobilisation et leur engagement derrière leur seul syndicat légitime et représentatif qu’est l’UGTA.