“Il faut tourner la page”

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La Dépêche de Kabylie : Heureux de vous retrouver pour la deuxième fois à Bgayet ?ll M. Pierre Henri Papalardo : Oui, très. Une joie partagée par les 65 Français d’Algérie qui m’accompagnent. Voir tous ces visages illuminés par un bonheur irréel procure un sentiment très fort. D’autant plus que l’accueil a été particulièrement chaleureux et sympathique. Je ne vous cacherais pas que beaucoup, dans ce groupe, nourrissait une appréhension irraisonnée peut-être, mais bien réelle, au départ. Il y a des groupes de pression qui ne travaillent pas sûrement pour l’intérêt des 2 communautés et qui font tout pour saborder ce genre de pèlerinage de retour aux sources. Les craintes, croyez-moi, se sont vite dissipées une fois au-dessus de Bougie et se sont très vite mues en bonheur insoutenable. Il y eut beaucoup de larmes versées. Des larmes de joie !

Votre première visite a été pour les cimetières chrétiens et israélites. Dans quel état avez-vous trouvé ces sites du repos éternel ?ll Ce fut d’abord un intense moment de recueillement et de retrouvailles. Oui de retrouvailles, même s’il s’agit de tombes. Permettez-moi d’exprimer mes plus vifs remerciements aux autorités locales qui ont fait un effort remarquable pour la réhabilitation de ces lieux de mémoire et du souvenir. Les 2 cimetières sont dans un bien meilleur état que celui qui était le leur, il y a tout juste quelques mois. La traversée de la ville, quoique éclair, a ravivé chez beaucoup d’entre nous des souvenirs si précieusement et, si jalousement gardés. Même si on a eu de la peine à retrouver nos repères tant la ville s’est agrandie, le dépaysement n’a, à aucun moment, joué.

Au-delà de la visite protocolaire, dans sa partie retrouvailles, avez-vous envisagé une rencontre avec les opérateurs économiques pour tenter de tisser des relations dans ce domaine entre les 2 communautés ?ll Cette visite, nous l’avons conçue avec nos amis, nos frères algériens comme celle du premier pas, des retrouvailles. Il est important pour nous que le contact rompu soit rétabli. Quant au volet économique que vous avez évoqué, il n’est pas à l’ordre du jour. Maintenant, si à l’avenir notre structure peut aider à la facilitation, à la concrétisation d’opportunités d’affaires, nous le ferons. Mais, il est encore prématuré d’en parler.

Comptez-vous instituer et pourquoi pas pérenniser ce courant d’échanges ?ll Absolument. Notre objectif est de rapprocher les deux communautés pour qu’elles puissent se ressouder après avoir tourné une page dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle fut malheureuse en ce qu’elle a instauré une longue période de suspicion, de doutes, de quiproquos, de haine et de non-dits.

Entretien réalisé par M. R.

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