Après plus d’un mois, le procès de l’affaire Khalifa, dans son volet relatif à la caisse principale, a repris son cours à Blida, après une pause bien méritée jeudi passé. La journée d’hier a été consacrée au procureur général, M. Abdelli, qui, tout au long d’un sévère réquisitoire, n’a ménagé ni Moumen Khalifa ni ses acolytes les accusant d’être la source de tous les maux et malheurs des différents déposants.
Le représentant du ministère public a été intransigeant jusqu’au bout. M. Abdelli a tenu d’emblée à signaler que tout a été mis à nu durant ce procès, au moment où les concernés étaient entendus par le tribunal depuis le début du procès, que se soit les inculpés ou encore les témoins. «Leurs propos ont été inscrits sur leurs P-V d’audition chez le juge d’instruction.” Pour étayer ses propos, le procureur a tenu à signaler que «ce n’est pas parce que certaines personnes ont comparu devant le tribunal en tant que témoins qu’elles ne sont pas passibles de poursuites judicaires». «Je tiens à rassurer tout le monde ici présent en disant qu’il ne faut pas s’empresser de tirer des conclusions et que le parquet compte ouvrir des enquêtes sur les témoins dont l’implication dans cette affaire a été dévoilée devant le tribunal», dira-t-il. Il ajoutera à ce propos que des instructions sont toujours en cours au tribunal de Cheraga concernant d’autres volets de cette affaire dont notamment les swift, les stations de dessalement d’eau de mer, de Khalifa Airways. M. Abdelli rappelle dans ce sens que des enquêtes sont actuellement en cours pour prouver également l’implication de Abdelmoumène Khelifa dans un circuit de blanchiment d’argent international, notamment en ce qui concerne l’opération d’achat de la villa de Cannes à 25 millions d’euros. «L’Algérie est parmi les premiers pays à avoir signer la convention internationale de lutte contre le blanchiment d’argent. La justice s’est engagée corps et âme pour mener cette guerre». Revenant à la création d’El Khalifa Bank, le procureur général s’est plongé dans les détails pour convaincre l’assistance, présente en force, pour expliquer la stratégie adoptée par Moumen et ses acolytes, à savoir Issir Idir et les autres en passant par le notaire et son clerc. Abdelmoumène Khalifa, selon le procureur général, a su profiter de la décennie noire et de l’embargo économique imposé à notre pays, pour mettre en oeuvre son plan machiavélique. Une période où l’Etat avait encouragé tout investissement, privé ou étranger. Le plan de Khalifa, selon Abdelli, était d’investir dans les bons créneaux.
En effet, selon Abdelli, Khalifa a créé Khalifa Airways, puisqu’à l’époque, toutes les compagnies aériennes fuyaient notre pays. Preuves à l’appui, le procureur général a tenté d’expliquer comment Moumen avait l’intention de falsifier, de créer une association de malfaiteurs, de voler et commettre ses crimes. Rahal, le notaire ayant falsifié tout les actes, en passant par Guellimi, son clerc, jusqu’à Issir Idir Mourad de la BDL de Staouéli, ayant accordé un prêt de 95 millions de dinars à Moumen tous étaient de vieux amis de ce dernier. Par ailleurs, selon Abdelli, le premier responsable d’El Khalifa Bank n’avait même pas pris la peine d’investir dans l’immobilier, à l’exemple de toutes autres institutions financières, en effet, de la direction générale jusqu’à l’ensemble des agences ainsi que toutes les autres filiales, les locaux étaient tous loués. «Comment peut-on savoir ce que ces entreprises et les institutions de l’Etat possédaient dans leurs comptes des banques publiques ?». Le procureur répond tout simplement que l’arrivée de Karim Boukadoum, cadre à la wilaya d’Alger, était attendue dans la mesures où il a joué un rôle important dans les dépôts effectués par les OPGI. Par ailleurs, Ighil Meziane a été cité par le procureur, selon lui, il aurait joué un rôle dans les différents dépôts de plusieurs entreprises publiques.
La Banque d’Algérie a le droit de se constituer partie civile
Le représentant du ministère public a indiqué hier à Blida que la banque d’Algérie a le droit de se constituer partie civile dans cette affaire, et pour cause, des malversations de Khalifa et consorts ont causé des préjudices graves à la Banque d’Algérie.
«Je ne suis pas d’accord avec mes confrères de la défense qui prétendent que la Banque d’Algérie est civilement responsable dans cette affaire. La BA ne peut pas être responsable des agissements de personnes physiques qui ont porté atteinte à sa réputation et à son intégrité». Coté chiffres, le procureur a affirmé que plus de 48 000 francs français ont été transférés à l’étranger au profit de Antinea Airlines, ainsi que plus 15 millions d’euros dans le cadre de Khalifa TV. Enfin, M Abdelli a fait savoir que le conseiller personnel de Moumen, à savoir Raghed Echemaâ, un Libanais, fait l’objet d’une instruction judiciaire de la part de notre pays.
Salah Benreguia