Coup vache

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l L’Algérie est l’un des plus grands importateurs de lait en poudre et malgré des programmes visant à stimuler la production intérieure et des prix élevés, les importations seront probablement soutenues. C’est du moins ce que laisse entendre une source proche du ministère du Commerce : “Le prix du sachet de lait subventionné ne sera pas changé jusqu’à nouvel ordre, en attendant que le gouvernement se penche sur la question’’. Les pouvoirs publics avaient maintes fois par le passé refusé la libéralisation du prix du lait en sachet fixé officiellement à 25 DA. Mais voilà que depuis quelques semaines, de nombreux commerçants se sont permis un écart de deux dinars par rapport au tarif légal. Une marge qui ne reviendra sûrement pas aux producteurs incapables de faire face à une hausse des prix de la poudre de lait de 118%. Une hausse qui réévalue la tonne de lait à 2 900 dollars au lieu des 1 100 dollars pratiqués auparavant. Il est vrai que les recettes élevées des exportations de pétrole maintiennent la demande pour l’Algérien, mais jusqu’à quand cela sera-t-il possible ? Pour réduire la facture de l’importation de lait, le gouvernement prévoit l’importation de 50 000 vaches laitières qui viendront s’ajouter aux 18 000 importées en 2005 et aux 8 000 importées en 2006. Mais ces troupeaux peuvent-ils assurer le lait quotidien, lorsqu’on sait que l’Algérie, où la consommation de lait est de 3,5 milliards de litres par an et de 110 litres par an et par habitant, importe chaque année 65 000 tonnes de poudre de lait en vrac ou conditionnée ? Les subventions plus que conséquentes du FNRDA auraient pu être bénéfiques pour le secteur laitier si une réelle politique avait été menée par les pouvoirs publics en prévoyant cette hausse du prix du lait sur les marchés internationaux. Seule une aide providentielle de l’Etat permettrait aux producteurs de lait de survivre car ces derniers se disent menacés de faillite imminente si aucune stratégie de relance n’est appliquée. En plus de la menace de grève qui plane sur ce secteur, ce sont plusieurs milliers de personnes activant dans cette filière qui risquent de perdre leurs emplois. On se souvient qu’au cours du mois dernier, la Commission européenne avait accordé aux producteurs de lait de sa zone, une aide de 36 euros par tonne. Une subvention qui s’élevait auparavant à 24 euros et qui s’avérait en deçà des espérances des petits exploitants. Une aide de ce genre serait la bienvenue en Algérie, ce qui permettrait de maîtriser la production laitière tout en sauvegardant cette filière menacée entre autre par le réchauffement climatique et les spectres de sécheresse qui se profilent à l’horizon. Sans aide de l’Etat, le nombre de producteurs risque de voir le nombre de producteurs sensiblement diminués en entraînant bien sûr une réduction des rendements. Un coup vache pour l’Algérie, qui durant les années 70, figurait parmi les premiers producteurs de lait de l’Afrique, mais à cette époque la volonté politique existait et se reflétait sur le terrain. Aujourd’hui le lait est sur le feu et il risque de déborder à tout moment si le gouvernement n’intervient pas pour rendre le sourire à la crémière.

Hafidh Bessaoudi

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