Kamel Ahelouane, une voix qui enchante

Partager

Même si l’été et la sécheresse guettent le printemps et les fleurs, la nature fleurira de nouveau les années à venir. Ainsi est faite la chanson kabyle qui voit disparaître des talents et voit naître d’autres pour assurer la relève. Si d’autres ont prédit la mort de la chanson kabyle après le départ des Slimane Azem, de Hnifa, de Youcef Abdjaoui, une génération de talents a émergé pour démentir cette thèse, car les Si Moh, Yasmina, Ali Ferhati, Zedak Mouloud, Taleb Tahar et d’autres sont là pour représenter dignement cette chanson kabyle. Kamel Ahelouane est un nom à retenir sur la scène artistique d’aujourd’hui, mais aussi de demain. Ses airs mélodieux et sa poésie recherchée lui prédisent un bel avenir. Dans sa dernière cassette sortie dernièrement, Kamel n’a sans doute pas été encombrant sur la scène artistique, mais a apporté sa pierre à l’édifice. Son album «A tidett» (Oh ! vérité) est un cri du cœur de l’artiste qui se fait entendre par les plus sensibles des auditeurs.Le public sait distinguer la graine de l’ivraie. Dans la chanson qui porte le même titre, l’artiste personnifie la vérité et la fait parler pour dire : «ur ttwatafegh di tcerkett, xatar degri neyya». Dans ce titre combien significatif, il dénonce la disparition progressive des valeurs humaines, roquées par les vices. Et dans la chanson «ur tettughaled d afennan» (tu ne seras pas artiste), il fustige les marchands de la médiocrité qui se font un nom sur le nom de l’art et dit : «Tazuri tessa imawlan, ur tettreg ur trechhen» n’est pas à vendre, il appartient aux siens). Chez Kamel, l’instrument n’est pas encombrant, il épouse la voix de l’artiste pour faire bon ménage, dans une ambiance à l’âme artistique d’où serait née une mélodie qui caresse et chatouille les fibres sensibles du public averti. La présence de la jeune Lynda qui chante en duo avec lui, n’est pas fortuite. Deux voix qui se complètent et qui se sont faites l’une pour l’autre, un gage de sincérité envers l’art et envers le public. A écouter Kamel, on ne peut s’empêcher de croire à la sincérité de ses sentiments, qu’il dit d’ailleurs que ce n’est pas de l’imagination, mais de son propre vécu. Kamel prépare un nouvel album pour l’été. La chanson de fêtes pour la première fois, mais dit-il, ce n’est pas du réchauffée comme le font certains, qui ont abruti et travesti et la fête et la chanson, et l’art avec, «chacun peut chanter la fête à sa manière, mais en respectant l’art, mais également les autres. Il faut rendre à la chanson de fêtes ses lettres d’or. «Moi, je n’ai pas besoin de me faire un nom sur le dos des autres, car je l’ai déjà avec mes propres productions», ne cesse-t-il de répéter. Je rends hommage à ceux qui ont chanté la fête proprement comme le groupe Idurar». A savoir si Kamel veut carrément tourner la page pour chanter la fête, ou bien juste un passage, il répond qu’il a chanté ce qu’il ressentait et il ne peut pas l’abandonner tant que le public l’apprécie bien, et le jour où le public ne l’écoute plus, il a promis qu’il poserait sa guitare. Geste de fidélité à son public. Quand à la nouveauté, l’art et le public ne demandent que ça. Parlant de la radio, Kamel rappelle qu’elle est un passage obligé, et qu’il en compte beaucoup pour la promotion de ses chansons. C’est pour cela qu’il réserve toujours l’exclusivité pour la chaîne deux particulièrement à chaque nouveau produit. Cependant, pour Kamel, c’est plutôt les éditeurs qui doivent remettre les K7 à la radio, non pas les chanteurs eux-mêmes. Notre interlocuteur cite le hit parade qui passe à la chaîne deux, présentée par Bélaïd Tagrawla qui donne des opportunités aux nouveaux talents de se confronter aux goûts du public qui doit les classer. On doit encourager ces initiatives, les gens doivent écouter la radio et donner leur chance à ceux qui le méritent. Bélaïd est connaisseur dans le métier, il sait distinguer l’art, le vrai et le rafistolage. Nos œuvres sont donc entre de bonnes mains. Il tient à remercier les animateurs de la chaîne deux, Radio Soummam et la BRTV, particulièrement Bélaïd Tagrawla, Samira, Mouloud Aït Ameur, Karim Azul, entre autres. Ils doivent passer les chansons au crible, et tant pis si la vérité blesse parfois. «Pour moi, ajoute le fils de Helouane dans la commune de Bounouh, daïra de Boghni, le jour où le public me juge dépassé, je renoncerai à la chanson. Je me remets à son seul jugement». Concernant le nouveau produit qui sera disponible vers le mois de juin, «ce sera des chansons de fêtes qu’on peut écouter en famille», assure l’artiste. Et d’ajouter que c’est de ses propres réalisations, avec un remix d’un chant populaire ancien. Et ceci est un défi que lance Kamel, soucieux d’un avenir de la chanson kabyle, et l’art en général.Bon courage, l’artiste !

Salem Amrane

Partager