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Besancenot au secours de Sarko

Par Slimane Laouari

Les partisans de Nicolas Sarkozy viennent d’apprendre à leurs dépens que même les machines politiques les plus redoutables, qui ont réponse à tout, peuvent se tromper, y compris là où l’on s’attend le moins. Même si personnellement il n’a pas pavoisé des erreurs de sa rivale socialiste Ségolène Royal, répétant à chaque fois qu’il préférait situer le débat sur le terrain des idées, ses lieutenants en ont beaucoup ricané. C’est de bonne guerre, certes, mais ils se seraient bien abstenus de le faire s’ils savaient que leur chef pouvait être faillible au point d’attribuer la fameuse réplique de Valéry Giscard d’Estaing “vous n’avez pas le monopole du cœur” à François Mitterrand et d’ignorer le nombre de sous-marins nucléaires d’attaque que possède la France, six au lieu de quatre. En plus de révéler sa faillibilité, cette deuxième bourde de Sarkozy ne pouvait vraiment pas si mal tomber. A la suite de la promesse faite sur les quais de Dunkerque par Ségolène Royal de renoncer à l’acquisition d’un autre porte-avion et d’en consacrer son coût à l’éducation nationale, le candidat de la droite a eu ce commentaire cinglant : “Je m’étonne qu’une candidate à l’élection présidentielle veuille opposer l’école à la sécurité de la France… Moi, je veux les deux”. C’est donc en pleine polémique sur les questions de sécurité que Sarkozy vient de commettre sa seconde gaffe et, ce qui complique un peu plus les choses, cela coïncide avec son –léger mais toujours significatif – déclin dans les sondages et les appréhensions de son staff à affronter la banlieue. Cette campagne présidentielle n’arrête pas de nous livrer ses paradoxes. Face aux difficultés de Sarkozy, notamment à l’orée de son périlleux déplacement à Argenteuil qui lui a inspiré “la racaille”, c’est le candidat communiste révolutionnaire qui est venu à son secours : “Le gouvernement de Lionel Jospin a envoyé plus de CRS contre les sans-papiers que tous les gouvernements de droite réunis « . De cette sortie d’Olivier Besancenot, on ne retiendra pourtant pas que les inconséquences connues de l’extrême gauche. En peine à réunir les cinq cents signatures, il a évoqué les instructions du PS à ses élus et parle même de chantage aux subventions, d’où sa revendication de faire substituer le système actuel par le recours aux parrainages populaires.Il est même le seul candidat de “la gauche antilibérale” à réserver son choix au deuxième tour en expliquant que “face à une droite dure, il faudra plus qu’une gauche molle pour gagner et envisager de changer les choses”. Et avec Ségolène Royal qui “a regardé plus à sa droite qu’à sa gauche”, Besancenot ne voit rien venir. Trouve-f-il quand même une différence entre Ségo et Sarko ? Oui. Mais en précisant que si le candidat de la droite se permet de citer Jean Jaurès et Léon Blum, si on le voit souvent avec le casque de travailleur, c’est parce qu’il est confronté, non pas à un véritable candidat de gauche, mais à un Tony Blair français. Au point où en sont les choses, Olivier Besancenot aurait peut- être préféré la candidature de … Jacques Chirac qui n’arrête pas de faire remonter ses fonds de gauche : “Le communisme a été un échec et le libéralisme sera un échec”. Mais le pétillant révolutionnaire n’a pas encore vendu son âme au diable, lui qui veut changer le monde plus qu’il ne rêve de s’installer un jour au palais de l’Elysée. La présidence de la République, c’est François Bayrou qui y croit de plus en plus. Boosté par les sondages, l’homme qui veut gouverner avec les meilleures compétences de droite et de gauche est sur un nuage. En renonçant au centre qui a valu à sa famille le rôle d’arbitre dans le meilleur des cas, le patron de l’UDF voit ses ambitions grandir, mais il n’est pas dit que les grignotages sur ses côtés lui serviraient tout seul.Une lancinante question est déjà lancée : fait-il le jeu de Le Pen ? Lui, en tout cas, s’en défend, convaincu au contraire qu’il est le seul à pouvoir éviter à la France un autre péril d’Avril. Sauf que Bayrou s’est plus présenté comme candidat anti-système, incarné (le système) par la bipolarité droite-gauche, que comme rempart à l’extrême droite qu’il sait par ailleurs en nette perte de vitesse. Ce qui va être difficile à expliquer une fois les grands débats entamés face à la gauche et à la droite…avec qui il veut gouverner.

S. L.

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