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L’amiante, encore et toujours

“Abane Ramdane le héros de la Révolution algérienne mérite mieux qu’une cité-bidonville. Les responsables qui ont pensé à baptiser cette cité en son nom,voulaient certainement lui rendre hommage, hélas, le nom d’un grand homme de l’histoire récente est associé à la plus déshumaine des misères. Abane entend de son tombeau les cris de souffrances des quelque neuf cent âmes qui y résident”. Ce sont les premières paroles d’un résidant de la cité Abane dans la commune des Ouadhias, lors d’une visite qui nous a conduit à découvrir tout le mal mais surtout les souffrances de plusieurs dizaines de familles logées “un peu n’importe comment” dans cette cité que d’aucuns qualifient de bidonville.

Déjà à l’entrée, l’accès est particulièrement difficile à emprunter, une conduite d’AEP éclatée engendrant des flaques d’eaux qui bloquent le passage des véhicules, une route dans un état piteux qui illustre le calvaire vécu au quotidien, les maisons où habitent ces familles offrent l’image d’une cité bidonville. “Nous sommes des laissés-pour-compte”, nous déclare Mouloud Doufène, un des résidants de ladite cité et membre du comité représentant les habitants des Ouadhias. Si le mal social est aux yeux des habitants de cette cité, situé au cœur même de la commune des Ouadhias, supportable car il s’agit là du même cas pour plusieurs milliers d’Algériens, il n’en est pas de même pour la menace qui les guette et qui taraude depuis plusieurs années leurs esprits, à savoir le danger réel et latent relatif à la présence de l’amiante sur les toitures des maisons de la cité Abane. En effet, ce sujet a été à plusieurs reprises traité et évoqué par le comité représentant la cité avec les autorités locales, dans ce sens,

M. Doufène précise : “Moi-même je suis concerné directement par ce problème, je suis en train de faire le nécessaire en matières d’analyses médicales pour être fixé définitivement sur mon état de santé, l’amiante nous fait peur, sans vouloir créer un climat de panique chez nos voisins, je dirais que les autorités doivent agir pour trouver des solutions qui se trouvent à mon avis dans le relogement, après construction de logements sur l’assiette de terrain qui existe à l’intérieur même de la cité, cela nous permettra de nous débarrasser des effets mortels de l’amiante contenus dans les toitures de nos maisons faites de ternites vétustes”. C’est dire que ce sujet alimente déjà les discussions en haut lieu puisque les problèmes de santé liés à l’amiante sont la préoccupation première de plusieurs chercheurs nationaux et autres à Ouadhias, l’amiante a déjà fait une victime officielle puisque selon un dossier qui nous a été remis par un membre du comité de ladite cité, une résidante répondant aux initiales de B. S. a été traitée pour une maladie due “à une exposition prolongée à l’amiante” pouvons-nous lire sur le certificat médical délivré par le centre anti-cancer de Blida. “Nous soussignés, l’ensemble des habitants de la cité Abane-Ramdane, commune de Ouadhias habitant des maisons construites à base d’une matière dangereuse, l’amiante”, lit-on dans une lettre adressée aux autorités locales par 55 résidants de cette cité. Il faut tout de même préciser que cette problématique a été cernée par le décret exécutif 99-95 du 19 avril 1999 relatif à la prévention des risques liés à l’amiante, on peut particulièrement y lire : “Le présent décret a pour objet de définir les mesures de prévention des risques liés aux activités dans lesquelles les travailleurs et/ou la population générale sont exposés ou susceptibles d’être exposés aux poussières provenant de l’amiante ou des matériaux contenant de l’amiante”, le décret précise dans son deuxième article “au sens du présent décret, le terme amiante désigne les silicates fibreux appartenant aux deux grands groupes suivants : les amphiboles et les serpentines”. Il est toutefois utile de préciser qu’une étude entrant dans le cadre de la lutte contre l’habitat précaire est en train de se faire sur place par les services concernés et ce, à travers un questionnaire remis et qui touche trois zones d’habitations. Enfin, les habitants de la cité Abane espèrent qu’avec la médiatisation de ce problème, les responsables viendront à leurs secours afin de mettre fin à un désastre psychologique, une prise en charge rapide s’impose mais surtout urge… à bon entendeur…

A. Z.

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