Dans la scène sociale algérienne, l’émergence de la violence marque le dérèglement des repères de la vie communautaire. Davantage, les violences sont autocentrées, suicidaires et dissidentes. Face au fléau de l’errance juvénile, un séminaire sur la problématique des enfants de la rue » réflexion et analyse des pratiques » a été organisé par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité nationale, hier, au siège du centre national de formation des personnels spécialisés (CNFPS) de Birkhadem à Alger. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la coopération entre Alger et la région française de PACA (Provence, Alpes, Côtes d’Azur), en vue de la mise en œuvre du projet du » SAMU social Algérie « . » C’est un projet qui a pour objectif d’assurer la prise en charge éducative et pédagogique de l’enfant qui n’a pour milieu de la vie que la rue « , a déclaré, Djamel Ould Abbes, ministre de l’Emploi et de la Solidarité nationale. D’ailleurs, le ministre a affirmé que son département, celui de la justice ainsi que les associations ont fait beaucoup de démarches et consacré d’énormes efforts pour diminuer ou se débarrasser de ce fardeau. Le traitement judiciaire des mineurs délinquants obéit à des considérations sociales et psychologiques et justifie le droit spécifique applicable. Selon Mme Bouneb, directrice du CNFPS, le problème nécessite des mesures préventives, répressives et de suivi. Les mesures préventives se concrétisent dans la relation » quantitative et qualificative » entre l’enseignement, les organisations de jeunesse, l’assistance à la jeunesse et l’administration de la justice pénale pour constituer un maillon préventif de la chaîne de sécurité. S’agissant des mesures répressives, celles-ci visent à inciter tous les départements à participer d’une manière active à la réflexion concernant » le droit de sanction en matière de délinquance juvénile « . D’autre part, des mesures de suivi sont indispensables. Il s’agit de » l’intégration sociale de personnes et de groupes de population en marge ou exclus de la société. C’est une condition supplémentaire à la réussite d’une politique de sécurité « . La victime ne doit pas avoir le sentiment d’être utilisée mais doit se sentir reconnue et accompagnée dans ce processus. » Tout citoyen algérien doit prendre conscience de la gravité de ce problème socioéconomique qui hante nos maisons et menace notre avenir social « -a t-elle ajouté. Les efforts consacrés à ce phénomène doivent se multiplier pour atteindre le but ainsi que la politique préventive doit être bien pensée et étudiée au moins pour limiter les dégâts. Pour sa part, Mr G.Theriot, conseiller du président de la région PACA Marseille a souligné que la délinquance juvénile doit être distinguée de la délinquance des adultes dans la mesure où le jeune délinquant est une personnalité en formation et en cours de socialisation alors que le délinquant adulte possède une personnalité déjà affirmée dans la société, donc moins susceptible de transformation. » A l’âge de l’adolescence, l’enfant traverse de l’enfance à l’adulte en passant par une période de vie très sensible où il est confronté à toutes les contradictions sociales du monde adulte qui représente un élément frustrant pour l’adolescent « , a-t-il ajouté.
Outre, les 42 établissements chargés de la sauvegarde des mineurs en conflits avec la loi ou en danger moral répartis sur 35 wilayas dont 9 centres spécialisés pour filles, le ministre a fait savoir que 30 centres spécialisés de rééducation (CRS), se trouvent au niveau de 25 wilayas avec une capacité d’accueil de 3270 et un effectif réel de 1934 places, soit 59,14% avec un encadrement de 1369 personnels tout corps confondus dont 407 pédagogiques. N’en restant pas là, Ould Abbes, a ajouté que 12 centres spécialisés de protection (CSP) et centres spécialisés polyvalents dans la sauvegarde de la jeunesse (CSPJ), sont répartis sur 10 wilayas avec une capacité d’accueil théorique de 1246, un effectif de 814 soit un taux d’occupation de 65,33% ainsi que 48 services d’éducation et d’observation en milieu ouvert (SOEMO).
Nabila Belbachir
