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“L’Algérie a le droit de défendre ses intérêts stratégiques”

“L’amendement de la loi sur les hydrocarbures vise légitimement à défendre les intérêts de l’Algérie « , c’est ce qu’a déclaré Chakib Khelil, ministre de l’Energie et des mines dans un entretien au quotidien espagnol El Pais, publié hier. A la question de savoir si l’amendement de la loi sur les hydrocarbures signifie que l’Algérie soit  » revenue au nationalisme énergétique « , le premier responsable du secteur de l’énergie, a indiqué que  » cela ne doit pas surprendre que l’Algérie défende aussi ses intérêts « , d’autant que des pays occidentaux ont pris, eux aussi, des mesures pour protéger leurs intérêts économiques. S’agissant de la renégociation des contrats de vente de gaz par Sonatrach et l’entreprise espagnole Gas Natural, M. Khelil, a tenu à préciser que celle-ci, qui a été entamée il y a deux ans, a pour objectif d’ajuster le prix qui est  » aujourd’hui très bas  » par rapport au prix du marché, lequel enchaine-t-il, concerne un tiers du gaz exporté vers l’Espagne.  » Nous voulons augmenter le prix de 20 % en deux étapes sur une année. L’augmentation pour le consommateur serait de 6 %. Il y a 11 mois, nous étions sur le point d’atteindre un accord, mais Gas Natural a fait marche arrière, ayant dû penser qu’elle avait une plus grande capacité de négociation « , a-t-il dit. Quant aux négociations avec les compagnies Repsol et Gas Natural sur le projet intégré de Gassi Touil, M. Khelil a rappelé que ce dernier est le plus important attribué à un consortium international, car, précise-t-il, il inclut l’exploitation et la commercialisation en passant par la production de 4 millions de tonnes de gaz liquéfié par an. Cependant, ce projet, selon les propos de Khelil accuse un retard dans sa réalisation.  » L’année dernière, Repsol et Gas Natural ont remporté l’appel d’offres. Aujourd’hui, elles nous disent qu’elles enregistrent un retard et veulent renégocier. Nous sommes réceptifs pour autant qu’elles remplissent deux conditions : d’abord, l’Etat algérien ne peut perdre des revenues fiscaux à cause du retard. En second lieu, Sonatrach a signé des contrats de livraison de gaz liquéfié avec des entreprises des Etats-Unis « , a-t-il expliqué. Toutefois, l’ex-sécretaire général de l’Opep a souligné que Repsol et Gas Natural doivent fournir à Sonatrach le GNL nécessaire pour qu’elle puisse honorer ses engagements.  » Jusqu’à maintenant, ces deux entreprises espagnoles sont très évasives et les progrès réalisés dans la négociation décevants « , a-t-il avoué.

Concernant par ailleurs, l’entrée de Gas Natural dans le projet Medgaz, l’inetrviewé a réaffirmé que Sonatrach est disposée à céder 0,8 milliard de m3/an de gaz à cette entreprise qui détiendrait ainsi 10 % des actions de la société qui exploite le gazoduc. Sur ce point précis, M Khelil précisera que la partie algérienne maintiendra une participation  » minimale  » de 26 % dans le capital, étant le principal promoteur du projet. A une question sur les avantages de la vente directe par Sonatrach du gaz en Espagne, il a indiqué que le fait qu’il n’y ait pas d’intermédiaires ferait que le prix serait  » moins cher  » pour le consommateur, relevant que la part de marché de la société algérienne oscillerait entre 3 % et 5 %.

« La limitation du volume de gaz par les Espagnols est une discrimination »

En ce qui concerne la limitation mise par le ministère espagnol de l’Industrie au volume de gaz (1 milliard de m3) pouvant être directement commercialisé par Sonatrach, le ministre de l’Energie et des mines n’a pas maché ses mots en affirmant que ce volume  » ne satisfait absolument pas l’Algérie.  » C’est une question de principes. Nous sommes l’objet d’une discrimination claire. On va nous laisser vendre une goutte dans un océan. Il y a 43 sociétés qui commercialisent le gaz en Espagne. Aucune d’elles n’est soumise à une restriction temporelle ou quantitative. Au Royaume-Uni, nous avons obtenu un contrat et aucune limitation ne nous est imposée. En Algérie, les entreprises espagnoles sont accueillies à bras ouverts. La coopération stratégique dont parlent les responsables espagnols est à double direction « , a-t-il souligné. A la question de savoir si le projet de gazoduc transaharien aurait pour conséquence de  » submerger  » l’Espagne et le sud du l’Europe de gaz en provenance d’Algérie, M. Khelil a déclaré que cette question devrait plus préoccuper l’Algérie que ses partenaires européens.  » Nous vendons 90 % de notre gaz à l’Europe. Peut-être que nous devrions orienter une plus grande partie vers les Etats-Unis. Nous fournirons à l’Europe à brève échéance quelque 80 milliards de m3/an, ce qui représentera entre 15% et 20 % « , a-t-il indiqué. Encore une fois la question de l’éventuelle création d’une Opep du Gaz, qui faut-il le rappeler, a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps, est revenue dans cet entretien. En effet, M. Khelil a tenu à affirmer que celle-ci ne figure pas à l’ordre du jour de la réunion des exportateurs à Doha le 9 avril prochain, précisant toutefois qu’il est  » possible qu’elle soit soulevée par l’une des délégations participantes « .  » Tant que le marché du gaz ne sera pas arrivé à maturité, il ne peut y avoir une OPEP du gaz, bien que l’idée mérite d’être étudiée”, a-t-il conclu.

Salah Benreguia

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