Vent de panique au FLN

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Le FLN et son secrétaire général sont dans de mauvais draps. Abdelaziz Belkhadem, d’habitude euphorique et content, a laissé transparaître un malaise certain lors de la conférence de presse animée avant-hier au siège de son parti à Alger pour rendre compte des listes définitives qui vont représenter sa formation lors des législatives du 17 mai prochain.

En effet, et pour cacher un dépit apparent, le secrétaire général du FLN a usé d’abord d’un bilan chiffré et ennuyeux, portant essentiellement sur les critères que les candidats à la candidature doivent remplir avant d’être retenus sur les listes définitives. Loin des analyses objectives, Belkhadem a tenté de justifier le choix des hommes par des procédés vagues ; vite démentis par une réalité du terrain bien amère. Son parti enregistre déjà une première purge, catastrophique, sur un terrain pourtant bien à sa portée, la wilaya de Béjaia en l’occurrence. Et c‘est les militants de cette circonscription, et d’autres certainement, ont affiché leur ras-le-bol, si que la conception des listes a échappé au contrôle des instances officielles du parti.

Le premier responsable du FLN a même tenté d’anticiper en reconnaissant qu’il y aurait sûrement des militants déçus et d’autres certainement lésés.

Bien au-delà de ce simple aveu, qui n’est en réalité qu’un secret de Polichinelle, Abdelaziz Belkhadem a jeté un véritable pavé dans la marre. Au moment où il devait répondre à la question de savoir s’il était candidat au pas, le chef du FLN a glissé une phrase mystérieuse qui en dit long sur ses nouveaux rapports avec le Président Bouteflika. « Je ne suis pas candidat, mais je laisse le loisir au président de la République de décider de ce qu’il y a de meilleur pour l’avenir du pays ». Étonnement parmi les journalistes qui veulent en savoir plus, d’autant que la déclaration est prononcée sur un ton dépité. Aucune explication. Belkhadem tentera de rectifier le tir en annonçant dans la foulée que lui-même et l’actuel président de l’Assemblée, Amar Saadani, ont choisi de ne pas se porter candidat. Mais le conférencier, pris dans le piège d’une affirmation trop lourde de sens, reviendra à la charge, avec une voix empreinte de panique : «Je suis chef du gouvernement, et c’est au Président de voir ce qui est bénéfique pour l’avenir du pays ». Loin d’éclairer les présents, la phrase complique davantage la situation.

Seulement, l’ambiance dans laquelle étaient plongés les présents, parmi les militants du parti, ont vite saisi le message : Abdelaziz Belkhadem est à présent dans le collimateur de Bouteflika. Pas seulement lui d’ailleurs, puisqu’il est établi depuis des mois que le président de l’APN, Amara Saadani, n’a pas les faveurs du chef de l’Etat depuis bien longtemps.

Des sources proches de l’ancien parti unique, recoupées par des observateurs, avancent même que les jours de Abdelaziz Belkhadem à la tête de l’Exécutif gouvernemental sont comptés. Et pas seulement. Car malgré les assurances présentées par l’actuel chef du gouvernement pour les besoins de la consommation médiatique, on avance que c’est Bouteflika lui-même qui aurait dissuadé, sinon refusé, aux deux hommes de se représenter aux élections législatives. Certains observateurs avanceraient, également, que c’est le chef de l’Etat qui aurait imposé les ministres, dont certains ne sont même pas militants du parti, à l’image de Hamimid à Tizi Ouzou, comme têtes de listes. Et il ne reste à Belkhadem qu’à subir le sort sans rechigner, puisque, comme il l’a d’ailleurs déclaré dimanche, « l’avenir des hommes est entre les mains de Dieu ».

Ali Boukhlef

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